Lot n° 599

GIDE André (1869-1951). L.A.S. « André Gide », 16 janvier 1910, à Stuart MERRILL ; 4 pages grand in-8, enveloppe timbrée. Belle lettre après la mort de Charles-Louis Philippe. [La lettre est adressée à Stuart MERRILL (1863-1915), poète...

Estimation : 600 - 800
Adjudication : 200 €
Description
symboliste d’origine américaine. Le romancier et conteur Charles-Louis PHILIPPE (1874-1909) venait de décéder prématurément le 21 décembre 1909, emporté par une fièvre typhoïde compliquée d’une méningite foudroyante ; il laissait inachevé son nouveau roman Charles Blanchard.] « Mon cher Merril Vous m’avez écrit la meilleure des lettres et votre article sur Philippe est très bon. Non certes, il ne fallait pas craindre de le présenter comme vous faites ; rien d’absurde comme les portraits compassés et fardés ! […] Ce que vous m’écrivez sur la Porte étroite et ce que vous en dites dans votre article me touche profondément. Non, ce n’est pas par Ducoté que j’ai connu Philippe. C’est par JAMMES. Jammes était chez nous, à La Roque ; un matin il reçut une lettre qui l’attrista fort ; elle était de Philippe ; notre ami traversait une crise affreuse : misère, déboires, haine farouche de l’ordre établi ; il y parlait de massacres et de bombes ; Jammes en avait le cœur tout ridé. “Tu devrais lui écrire, me dit-il ; je crois que tu saurais le calmer ; pour moi je ne sais plus que lui dire.” Et j’écrivis aussitôt à Philippe, dont je ne connaissais strictement rien que cette lettre à Jammes ; je lui écrivis en le tutoyant aussitôt, d’abord parce que je croyais qu’il était belge – puis parce que sa lettre, malgré ses excès (ou peut-être même à cause de) me le rendait aussitôt très sympathique ; enfin j’y pressentais vaguement (et pas à tort paraît-il) que Philippe forçait sa voix à hurler et qu’il y avait en lui tout autre chose ; et je voulais devenir son ami. Malheureusement je n’ai jamais cessé de lui faire un peu peur […] Et pourtant j’ai la certitude douloureuse, aujourd’hui, que j’aurais pu l’aider à mener à bien son Charles Blanchard. Oui “maïeutique” et non pas “dogmatique” ; qu’il m’est bon de sentir que vous l’avez compris. Mais vous ne sauriez croire combien l’étude des manuscrits laissés par Philippe (versions différentes de Charles Blanchard) m’a instruit »…
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