Lot n° 600

GIDE André (1869-1951). 2 L.A.S. « André Gide », [1906-1909], à Arthur FONTAINE ; 2 pages in-8 et 5 pages petit in-4. Vendredi [1906], à propos d’une lecture de L’Église habillée de feuilles, à laquelle est convié Gabriel Trarieux, que...

Estimation : 400 - 500
Adjudication : 200 €
Description
Gide a cessé de voir « après que sa médiocrité –non pas de lui peut-être, mais de sa Muse – eut cessé d’être l’objet de mes doutes. Je suis STUPEFAIT que Jammes le convie à cette lecture, mais tâcherai, s’il est là, que ma voix n’en soit pas trop désaffermie »… Dimanche soir [24 janvier 1909]. Longue lettre où Gide essaie d’expliquer son attitude et son embarras devant son ami : « Je ne parle jamais si mal que quand mon cœur a plus à dire. Près de vous cela devient une infirmité. […] C’est cette triste certitude que je ne saurais pas vous parler qui m’empêche de chercher à vous revoir ces derniers temps ; avez-vous su sentir qu’il n’y a là froideur ni négligence de cœur ? Quelles inepties ne vous ai-je pas dites à propos du succès et du moyen d’y parvenir ! Plus habile, j’aurais parlé d’orgueil, et sans doute de cette pointe cachée du vieux protestantisme qui me stimulera toujours vers le plus âpre et le plus exigeant, par une sorte de méchanceté contre moi-même et de mépris pour le contentement facile. Question de “tempérament” ! Disons aussi que, si je ne fais point fi de la gloire, je deviens affreusement sensible à ce qu’elle peut avoir de frelaté. Un Barrès écrivait que le geste pour se l’attirer manque souvent trop d’élégance. […] JAMMES lui s’en tire avec une sorte de naïveté et de demi-conscience […] lorsqu’il écrit : “Les Vigny m’emmerdent avec leur dignité”. C’est ce qui lui permet dans sa prose après la mort de Guérin, de parler de l’admirable dignité de vie d’H. de R. » [Henri de Régnier], qu’il disait « mépriser profondément, et de dédier à Jean de Gourmont le Poète et sa femme […] Jammes est tout abandon ; je suis tout réaction – c’est mieux. Devant ce qui peut me servir, j’entre en garde. […] Voilà les plus secrètes, c’est-à-dire les plus irréductibles “raisons” qui m’ont fait refuser mon roman à Ganderax. […] Ce sont aussi les raisons que je peux le plus difficilement sortir ; même vous dont Herr disait, avant-hier, admirablement : “Fontaine choisit toujours dans la vie ce qui peut le faire mieux souffrir” – saurez-vous me comprendre ? »…. On joint 2 L.A.S. de Gide à Philippe Fontaine (fils d’Arthur), 1935 et 1938 ; et 3 L.A.S. « La Petite Dame » (Maria Van RYSSELBERGHE) à Ph. Fontaine, 1944-1948.
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