Lot n° 641

JOUHANDEAU Marcel (1888-1979). 42 L.A.S. « Marcel Jouhandeau » (une incomplète) et un MANUSCRIT autographe, 1951-1966, à Maurice NOËL ; 86 pages formats divers, qqs enveloppes (6 copies carbone de réponses jointes). Belle correspondance...

Estimation : 1000 - 1200
Adjudication : 300 €
Description
littéraire au directeur du Figaro littéraire. 24 mars 1951 : « C’est à l’amitié de Jean PAULHAN que je dois votre sympathie, – qui m’est d’autant plus sensible qu’elle se manifeste au moment où la critique se montre plus dure à mon égard »… 6 avril, la présentation de ses Souvenirs d’enfance dans le Figaro littéraire l’a ravi, mais il s’étonne d’une correction : « tout le monde sait que l’élision ne se fait pas devant un (chiffre) »… Juillet-août, sur la publication d’extraits de La Paroisse du temps jadis… 2 avril 1952 : « Henri MONDOR a écrit sur moi une préface qui doit paraître en Amérique, en tête d’un livre que publie Kurt Wolff »… Septembre, au sujet d’un article désagréable de Maurice CHAPELAN : « La bassesse de mes compatriotes laisse Paulhan pantois. [...] Grâce à Dieu, à côté de la vulgarité, de la sottise, il y a des milieux distingués à Guéret, dans lesquels je suis vu autrement »… 16 octobre : « J’ai été professeur au Pensionnat St Jean de Passy, 72 rue Raynouard, de 1912 à 1949, soit 37 ans »... 6 janvier 1953, mise au point à la suite d’une lettre anonyme après la publication d’extraits du Carnet du professeur, concernant son expérience de l’école libre, du monde ecclésiastique ; il dément être franc-maçon… 17 septembre : « quelques « images de Paris vous plairaient-elles ? Je les choisirai comme il convient au Figaro littéraire qui est une sorte de Semaine religieuse à l’usage des tièdes, aussi édifiantes que possible »… 23 septembre : « Que vous êtes fou d’attacher quelque importance à mes plaisanteries ? Le F.L. n’a pas à être l’annexe de la Pravda ni de la Semaine religieuse. Il est ce que vous le faites »… 20 novembre, protestation après une note de Pierre Mazars sur Les Passionnés modestes [d’Henri RODE] : « Je ne souhaitais pas des louanges, mais non plus qu’on mît des gants pour égorger un garçon qui a au moins le mérite de ne pas gagner sa vie en égorgeant les autres. […] Où a-t-il pris ce troisième sexe dont il parle ? Sans doute pédéraste refoulé, en voit-il partout ? Mieux vaudrait qu’il en fût et fût par là même débarrassé de son obsession »… 1er août 1955, il va passer par Chaminadour, et se rendra à Rome en octobre : « j’écris une vie de Saint celle de St Philippe Neri pour Plon. J’ai eu le malheur, au cours d’un dîner, de raconter une anecdote qui se rapportait aux excentricités du brave homme et Orengo était là »… 28 septembre, sur son séjour dans la charmante station thermale de Préchacq. 5 juin 1956, commentaire du procès Jacques Algarron et Denise Labbé : « L’obstination qu’elle a cru devoir apporter à perdre son amant, après avoir tué sa fille, prouve que rien ne la détermine que sa propre passion. [...] Personnellement, rien ne me rend meilleur que le spectacle ou le récit d’une mauvaise action »… 9 juillet : « Mes collaborations aux F.L. vous ont occasionné trop d’ennuis pour que je souhaite les multiplier. […] Croyez surtout que notre amitié ne se mesure pas à la place que je puis tenir dans votre journal. Mon cœur est un voyou parfaitement désintéressé »… 31 juillet : amusante anecdote sur une retombée de l’article de Chapelan de 1952 ; Jouhandeau poursuit une érotomane russe devant les tribunaux… 13 septembre : il propose deux chapitres de ses Réflexions sur la vieillesse et la mort ; il vient de mettre la dernière main à son drame, Le Martyre de Sainte Octavie, qu’il va lire à Élise et à Yvonne Filiberti, son alter ego… 21 octobre : « Chaque fois que Le Figaro me fait quelque honneur, je me sens couvert de cendres. Ce devant Dieu et devant les hommes est d’une solennité, d’un ridicule qui me vont comme un gant, mais de ce gant on m’a chaussé, comme si j’étais mort […]. Le nom de Dieu en outre ne doit jamais figurer dans un titre. Tu ne Le prononceras point en vain »… 6 août 1957 : il reste l’été à Paris : « Ma maison est agréable, elle donne sur un jardin, n’est pas loin du bois, où je vais chaque jour me promener avec ma chienne Loutte »... 27 février 1958 : « on étouffe aussi poliment les gens au F.L. qu’à Moscou »… 25 septembre 1962 : « Jamais je n’ai été plus amoureux que dans le voisinage de la mort »... 14 décembre 1966 : « Accablé par le procès que je suis obligé de soutenir contre GALLIMARD qui m’a dépouillé de tout et me refuse les droits qui me reviennent sur mes deux derniers ouvrages, déçu et escroqué par ma petite Céline et son mari, quand je me suis vu en même temps calomnié par un journal aussi sérieux que Le Figaro littéraire […], j’ai vraiment connu un moment de chagrin presque insupportable »… Longue réponse à un article de L’Osservatore Romano critiquant l’œuvre de Jouhandeau pour son immoralité (dépêche de l’AFP jointe). Jouhandeau s’explique sur le personnage de M. Godeau, qui « meurt dans l’amour de Dieu » ; quant à ses propres mœurs, « le péché peut bien nous exclure de la Grâce, il ne nous exclut pas de la Foi. Et j’ai vécu dans le péché peut-être, mais jamais hors de la Foi en Dieu »…
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