Lot n° 654

LOUŸS Pierre (1870-1925). 5 L.A.S. « Pierre » (dont deux en partie de la main de son frère Georges), janvier 1889, à son « cher papa » ; 22 pages in-8. Nouvelles familiales et politiques. En ce début d’année, le jeune homme se montre très...

Estimation : 500 - 700
Adjudication : 250 €
Description
attentif à la santé de son père, donne des nouvelles de sa scolarité et de sa famille, notamment du cousin Jacques Chardon, de 5 ans son aîné, qui fera une belle carrière d’officier de marine : pour l’heure, il manque une bonne place sur un transport pour Cayenne (16 janvier), il attend l’ordre d’embarquement sur le Caravane, en rade de Toulon où il s’ennuie ; « pour tuer le temps, il apprend à monter à bicyclette (vélocipède à deux roues égales) et il fait cette réflexion philosophique que “ plus il vieillit”, plus il s’aperçoit que c’est dans la marine qu’on navigue le moins. » (20 janvier). – Le dimanche 27, jour de l’élection législative où le général BOULANGER s’est porté candidat à Paris, le lycéen évoque l’attitude de ses camarades de classe : « On a fait assez peu de politique au sujet de l’élection, et cela vaut mieux, n’est-ce pas ? Chacun gardait son opinion sans essayer de convaincre son voisin. Néanmoins, deux classes ont pris chez elles l’initiative d’une collecte dont on a envoyé le montant au comité antiboulangiste » Il reprend la rédaction de sa lettre le lendemain, pour raconter sa sortie le soir sur les boulevards : « L’enthousiasme était inouï, tout simplement. Des ouvriers, des jeunes gens, des femmes, de marchands, se pressaient autour du café Durand (où se trouvait le héros de la fête), en riant, en chantant, en criant sur l’air des lampions : “Bou-lan-ger ! Bou-lan-ger ! Au bal-con ! Au bal-con !” [...] Des cris de Vive Boulanger partaient des trottoirs, des cafés, des maisons voisines, de l’impériale des omnibus où tout le monde était debout, et où les conducteurs levaient leur casquette [...] Il est convenu que je ne fais pas de politique, n’est-ce pas, papa ? Mais je peux tout de même dire qu’il faut être un grand misérable pour tromper ces braves gens qui vous aiment de si bon cœur et se confient à vous si franchement »...
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