Lot n° 672

MÉRIMÉE Prosper (1803-1870). 3 L.A.S. « Pr M. », 1853-1862, à Léon de LABORDE ; 8 pages et demie in-8. Amusantes et intéressantes lettres à son ami historien et bibliophile. Madrid 25 novembre 1853. Amusantes anecdotes sur la marquise d’A.,...

Estimation : 500 - 700
Adjudication : 220 €
Description
« valencienne très rebondie, (rebondissante même à ce qu’on dit) ». Arrivée du Brésil de Juan VALERA. Railleries sur les ambassadeurs du Paraguay, « élevés par les Jésuites ». Bal à l’ambassade pour la Sainte-Eugénie. La situation politique en Espagne : « Nous sommes en grande crise ministérielle. Le Sénat se révolte. On parle de coup d’état. Il s’agit de savoir si le comte de San Luis aura les épaules assez fortes pour s’en tirer avec élégance comme disait Archambaud de Talleyrand. Il y a en réserve Narvaez, qui affecte de se tenir à l’écart et qui est parti aujourd’hui pour Loja au fin fond de l’Andalousie. Je veux assister à quelques séances des Cortés et puis je me mettrai sérieusement en route malgré le froid qui est sec et coupant comme tout ». Découverte à Tarragone de tombeaux « avec des hiéroglyphes, ou soi disant tels »… [Fin février 1861]. Au sujet de « Monseigneur » (le comte WALEWSKI) dont il est impossible d’obtenir une audience : « Rien n’y fait. Il est obligé d’aller au bois et cep[endan]t ce n’est pas cela qui lui manque ». Il parle aussi du maréchal Vaillant et d’Hortense Cornu à propos d’une pétitionnaire « papiste et légitimiste », puis de l’assassinat du président POINSOT : « Est-il vrai que Mr Poinsot se fût procuré un fils naturel dont il aurait violé ou séduit la femme, et que ce fils sous prétexte de se venger aurait escoffié l’auteur de ses jours ? On m’assure que la justice craignant qu’on ne soupçonne ses mœurs déjà si décriées par les excès de M. Partarieu-Lafosse aurait calomnié ce pauvre Jud qui n’aurait eu d’autre tort que de jeter un russe par la portière d’un wagon, avec cette circonstance atténuante que le Russe aurait été trouvé culotte à bas sur la voie »… Cannes 12 janvier 1862. « J’ai déjeuné les fenêtres ouvertes. On se plaint beaucoup de la saison. On craint que les orangers ne fleurissent. Il fait chaud comme en été. Pas un nuage au ciel, pas une ride sur la mer. J’espère que vous êtes dans la neige fondue. […] malgré tout ce que le ciel fait pour moi, je sens mon coeur palpiter comme il faisait dans ma jeunesse, avec cette particularité que souvent il me coupe le respirant, et me fait croire que je suis dans le cas (expression napoléonienne) d’aller voir les sombres bords. Aussi je compte laisser mes très honorables collègues discuter l’adresse sans moi. Je mets au cabinet le discours que j’avais préparé pour notre S. P. le Pape et je ne m’applique plus qu’à soigner mon cœur et mes poumons ». Il parle de Victor COUSIN « qui est un trésor en ce pays de province, pour la quantité d’idées qu’il remue dans un quart d’heure. Il essaye de se guérir d’une laryngite en donnant des séances d’éloquence de quatre heures sans débrider aux Cannais. L’autre jour à dîner chez nous, mangeant une pomme de terre il cassa son ratelier. Nous n’avons ici qu’un dentiste qui demeure dans une charrette à deux pas de chez moi, et qui est en même temps renommé pour ôter les cors, couper les chats et tondre les chiens. Cependant il a fait preuve de grande philosophie et il parle toujours aussi bien avec ce qui lui reste de mâchoire ». Suit une longue liste de corrections pour les épreuves de la Correspondance de Napoléon Ier. Il ajoute pour finir : « Les anémones commencent à se montrer mais on ne connaît pas encore les bleues des rouges »… On joint une petite L.A.S., mercredi soir [1854], à propos de volumes illustrés (1 p. in-8).
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