Lot n° 674

MÉRIMÉE Prosper (1803-1870). L.A.S. « Pr M », Cannes 13 septembre [1870, à la comtesse de BEAULAINCOURT] ; 2 pages et demie in-8. Une des toutes dernières lettres de Mérimée, après la capitulation de Sedan et quelques jours avant sa mort....

Estimation : 600 - 800
Adjudication : 350 €
Description
[Mérimée meurt le 23 septembre (on ne connait que 3 lettres postérieures à cette date).] « Connaissez-vous dans l’histoire une catastrophe plus soudaine et plus épouvantable ! Quel désastre qu’eût pu rêver l’imagination la plus noire, a été dépassé par la réalité. Je croyais que l’Empr se ferait tuer. Les boulets à ce qu’il paraît n’ont pas voulu de lui et il a été remettre son épée au roi. Et cette révolution qui se bâcle en cinq minutes, non plus dans une assemblée cette fois, mais dans un corridor, et ce gouvt qui n’a pas d’origine, pas de cohésion, qui n’a que deux hommes éloquents, sans habitude des affaires, et un certain nombre de doublures, vieilleries ridicules à leur parti même. Qu’attendre de tout cela ? Observez encore, Madame, que nous n’en sommes qu’à un prologue. La tragédie va commencer pour nous après la paix. Vous représentez-vous la force d’un gouvernement qui aura signé un traité avec M. de Bismark, et cela lorsque toute la nation est en armes comme aujourd’hui. Il faudrait des hommes à ce pauvre pays ». Il est triste de n’avoir pu dire adieu à l’Impératrice, « à qui l’adversité avait ajouté une auréole. Elle en avait une la dernière fois que je l’ai vue. Elle n’avait plus la moindre illusion et disait que ce qu’elle désirait par dessus tout pour son fils, c’était une vie heureuse et sans ambition. J’ai toute ma vie cherché à être dégagé de préjugés, à être citoyen du monde avant d’être Français, mais tous ces manteaux philosophiques ne servent à rien. Je saigne aujourd’hui des blessures de ces imbéciles de Français, je pleure de leurs humiliations, et, quelque ingrats et absurdes qu’ils soient je les aime toujours »… Correspondance générale, t. XV, n° 4804.
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