Lot n° 694

REINACH Salomon (1858-1932). 17 L.A.S. « S » ou paraphe, 1922 et 1926, à Liane de POUGY, princesse Georges GHIKA ; 47 pages, la plupart in-8 à son adresse 16, Avenue Victor Hugo Boulogne-sur-Seine. Belle correspondance intime de l’érudit à la...

Estimation : 500 - 700
Adjudication : 400 €
Description
courtisane-princesse. L’éminent savant, membre de l’Institut, archéologue, philologue et conservateur du Musée des Antiquités de Saint-Germain-en-Laye (près de la demeure des Ghika), a été le confident de Liane de Pougy ; il évoque notamment l’écriture des Cahiers bleus de Liane, le souvenir de la poétesse Renée VIVIEN, leur amie Natalie BARNEY, l’adultère du prince GHIKA, etc. 1922. 3 janvier, longue lettre en anglais. – 15 juillet, séjour à Londres ; les Anglais reconnaissent « que la France et la Belgique ont le droit d’interdire à l’Allemagne la politique de prodigalité et d’inflation par laquelle elle s’est, comme à plaisir, rendue insolvable pour ne pas payer ». – 19 septembre. Visite de Natalie BARNEY. Les événements d’Orient : inquiétudes pour les Grecs, et dénonciation de « la barbarie des Turcs. C’est un immense malheur pour toute la civilisation, dont Smyrne était un poste avancé et une des perles »… – 7 octobre : « Des imbéciles peuvent croire que Flossie [Natalie BARNEY] a été autre chose pour Remy [de GOURMONT] qu’une amie intellectuelle […] Mais Flossie a peut-être été imprudente en permettant trop tôt la publication des lettres de son ami. Ne pas attendre l’an 2000 est toujours un tort ». – 3 novembre. Nouvelles de Natalie ; lecture aux Français de poèmes de Pauline [Tarn : Renée VIVIEN], pour laquelle il a refusé d’écrire un texte : « Je voudrais que l’admiration qu’on doit à Pauline restât confinée à un cercle assez restreint ; si l’on y convie le grand public, il y apportera ses basses curiosités. […] Je ne me ferai jamais le prophète de Pauline devant un auditoire de voyeurs et de détraquées. […] le génie à droit au respect et à la discrétion »… 1926. 6 juillet, après la fugue de Georges GHIKA avec la jeune Manon THIÉBAUT : « J’ai toujours considéré Georges comme un grand enfant extrêmement doué, beau, sensuel et paresseux. C’est la faute de l’éducation qu’il a reçue ; il avait peut-être l’étoffe d’un grand écrivain. Mais l’oisiveté est l’ennemie de la constance […]. Aucune femme ne peut rivaliser avec vous en beauté ; mais la beauté dont on a mille fois fait le tour cesse d’être attrayante, l’amour étant fait d’une moitié d’amour-propre et d’une autre moitié de curiosité physique. Je dis cela d’après les anciens et Casanova, n’étant moi-même pas grand clerc en ces matières. […] Considérez que Georges est en voyage »… – 19 juillet : « Je suis convaincu que G. reviendra prochainement, un peu penaud »… – 5 août, il exhorte Liane à rester au calme et à songer la postérité : « puisque vous avez tant écrit pour elle ; pensez qu’elle vous regarde et que votre future biographie serait bien gâtée si vous donniez suite aux projets de dissipation qui semblaient germer dans votre cerveau »… – 19 octobre : Flossie et Liane ont quelque chose du Sphinx : aucune de ces deux femmes « qui ont eu le plus d’influence sur moi depuis des années, ne vous êtes jamais dévoilées complètement (au sens INTELLECTUEL du mot) »... Etc.
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