Lot n° 715

SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Palaiseau 21 mars 1865, à « Mon enfant » [Francis LAUR] ; 4 pages in-8 à l’encre bleue. Belle lettre de conseils et de soutien à son jeune protégé. Elle lui annonce d’abord « une triste...

Estimation : 700 - 800
Adjudication : 200 €
Description
nouvelle […] Après un très faible retour d’espérance, la pauvre petite noire [Joséphine Maillard, fille du tuteur de F. Laur] a fini de souffrir et s’est éteinte il y a deux jours. C’est une douleur à laquelle notre pauvre ami s’attendait bien mais qui lui a été épargnée [Louis Maillard, mort le 24 janvier]. Jacques [frère de Joséphine] est bien affecté. Écris-lui et console-le de ton mieux. C’est un brave enfant bien éprouvé. Je suis contente des renseignements que tu me donnes et remplie d’espérance pour toi, car je vois que tout dépend de toi, et je sais que tu apprécies la délicatesse extrême de ta position. Les agitations dont tu me parles, il ne faut pas seulement t’en parler à toi-même. Ton tems, tes petites ressources, ta volonté, tes rêves, ta santé, rien ne t’appartient dans le présent. Tu as passé avec ta conscience un contrat qui n’exige pas une âme ordinaire, mais de très grandes forces et un certain enthousiasme. Cette situation est une chaîne qui avilirait un esprit médiocre et qui doit te rehausser dans ta propre estime, toi qui l’as prise au sérieux, et qui t’es lié ainsi par dévouement pour cette grande et belle patrone, la science, l’idéal de tes jeunes années, la souveraine de ton âme, de tes sens, de tout ce qui est toi. Je ne te plains pas, moi qui voudrais recommencer ma vie avec la paire d’ailes que l’on est en train de te faire pousser. Ne te plains donc pas non plus. Le sacrifice est aisé quand le but est si noble et si clairement tracé. Tu auras de grandes jouissances, le jour où tu pourras regarder derrière toi sans y trouver aucune tache et aucune défaillance. Tu auras eu une vie d’exception, celle de l’obligé vraiment fier, et tu pourras penser à ta jeunesse remplie de victoires comme à un très beau roman, meilleur que tous ceux qu’on écrit. […] Bonsoir, mon garçon, bon courage, et remplis ta cervelle de belles choses que tu m’expliqueras. » Correspondance, t. XIX, n° 11531.
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