Lot n° 728

SUARÈS André (1868-1948). 3 L.A.S. (monogramme), 1929-1930, à Armand GODOY ; 9 pages in-4 à l’encre rouge, 2 enveloppes. Belle correspondance au poète Armand Godoy, dans le culte de Baudelaire. Paris 14 octobre 1929. « Vous avez le cœur du...

Estimation : 500 - 600
Adjudication : 200 €
Description
poète, cher Monsieur. Baudelaire lui-même a grand cœur : il ne veut pas qu’on le montre, – mais moins il le fait voir, plus il en a. Vous venez de me faire entendre le battement du vôtre […] j’admire ce culte magnifique de la poésie, où vous semblez avoir dédié votre vie ». Il est chassé de son domicile et doit « partir pour l’exil »... – Collioure 4 janvier [1930]. « Votre souvenir va bien au-delà, mon cher Godoy, de ce qu’on appelle une aimable pensée. Vous êtes venu comme Hermès, lequel n’est chargé pour chacun que du seul message qu’il soit digne de recevoir : le sien qu’il attend est celui pour lequel il est fait. […] On n’est pas poète seulement pour écrire des vers, mais bien plus pour vivre en poésie. Vous savez que le plus grand et le plus beau des dons est celui qu’on fait de soi à la beauté cachée »… – 29 avril. « Chacun de vos poèmes marque un progrès sur ceux qui le précèdent, mon cher Godoy. […] Peu de poètes plus fidèles que vous à la religion de Baudelaire : vous êtes des plus dignes d’appartenir à l’Ordre. Et du moins n’avez-vous pas la folie trop raisonnable de répudier l’émotion. On ne doit pas partir de son cœur ; mais pour vivre il n’est vraiment pas inutile d’en avoir un. Vos essais dans le vers de quatorze pieds et celui de quinze sont d’un haut intérêt. (J’ai écrit deux drames dans ce mètre) J’y vois une admirable matière, entre la prose et l’alexandrin. Par là même, il est mieux fait qu’un autre pour la poésie dramatique. Si on le manie avec quelque écrit et les sons de la musique, si on se garde surtout de le finir trop souvent par un alexandrin bien coupé en deux hémistiches, il tient lieu de vers blanc qui nous manque et qui a rendu tant de services aux Allemands et aux Anglais. Quant aux Grecs, à qui je me réfère presque toujours en tout, l’iambe de Sophocle est, à mes yeux, le type parfait de vers blanc tragique : il compte très souvent quatorze pieds »... Etc. On joint une petite L.A.S. à l’éditeur Rob. Émile-Paul, [25.X.1928 ?], concernant ses manuscrits, dont deux « pourraient convenir à Godoy » (1 p. in-12, adr., carte pneumatique).
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