Lot n° 753

VOLTAIRE (1694-1778). L.A., [septembre 1760], à Théodore TRONCHIN ; 3 pages in-8, adresse. À son médecin. « Mon cher Esculape est toujours bienfaisant. C’est son essence. Je suis sensiblement touché de ce qu’il fait. Je luy represente...

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 6 200 €
Description
seulement qu’il n’est point du tout décent qu’on sorte de chez moy sur une esperance qui apres tout peut n’etre pas remplie, et qu’on soit dans le cas de me reprocher d’avoir renvoyé une personne a qui on doit des égards, pour la laisser solliciter du pain a Paris. Si Mr Tronchin veut ecrire à Mad de Muy, et luy demander ses bons offices aupres de M. l’ev[êque] d’Orleans [Louis-Sextius Jarente de La Bruyère, ministre de la feuille des bénéfices] pour en obtenir une pension sur les économats, qui vaque rarement et qu’on donne plus rarement encore a des catholiques, si M. Tronchin dis-je a la bonté de solliciter cette grace Madelle Bazincour sera au nombre des personnes qu’il a favorisées et a qui il a fait du bien. Pour moy je ne peux absolument entrer dans cette affaire, ce n’est point a moy a l’engager a partir. Je ne veux pas encor une fois m’exposer au reproche de luy avoir fait quitter le certain pour l’incertain. Si elle va a Paris elle n’aura pas de quoy courir pour solliciter. Il faut aller a Versailles, il faut etre au lever des patronnes et au coucher des patrons. Elle n’est pas assez riche pour aller demander de l’argent a Paris. Six mois en fiacres seulement, mangeraient les pensions quelle espere. En un mot j’admire la bonté de mon cher Esculape. Mais je me lave les mains du bien qu’on veut faire à Melle Bazincour, et je ne luy dirai meme pas un mot de tout cela. Mais je dis a mon cher Tronch[in] qu’il est adorable. » Correspondance (Pléiade), t. V, n° 6211. On joint un portrait de Voltaire à la mine de plomb, et un portrait gravé
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