Lot n° 805

CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1743-1794). MANUSCRIT autographe, Essai sur la phisiognomonie, par M. Lavater, [novembre 1782] ; 6 pages et demie in-fol. sur 2 bifeuillets. Sur la physiognomonie de Lavater. Cette critique de...

Estimation : 1800 - 2000
Adjudication : Invendu
Description
l’Essai sur la physiognomonie de Johann Caspar LAVATER (1741-1801), qui venait d’être traduit en français et faisait grand bruit, a paru dans le Mercure de France du 16 novembre 1782. Le manuscrit, d’une petite écriture cursive, présente de nombreuses ratures et corrections ; il est écrit en colonne sur la partie droite de la page, avec d’importantes additions dans la partie gauche. « Que les passions d’un homme, le sentiment qui l’anime, le calme ou l’agitation actuelle de son âme, le plus ou moins de force de son attention, se montrent dans les traits de son visage »… Mais Condorcet pose la question : « Y a-t-il dans la conformation naturelle du visage […] certaines forces primitives liées avec les dispositions de l’âme qui a été unie à cette figure ? »… Il peut certes exister une « Science Phisiognomonique ». Mais il faut observer « que nous ne pouvons tenir de la nature que des qualités générales, comme la force, la promptitude, la finesse, la faiblesse, la lenteur dans l’esprit, une âme forte ou sans ressort, susceptible de passions durables et profondes, ou d’émotions vives dominées par les sens, ou peu sensibles à leurs impressions. […] Un homme dont la tête était conformée pour devenir Newton ou Voltaire, et qui, resté sans éducation, aura passé sa vie dans les travaux mécaniques, n’aura point ces signes que donne l’habitude de la méditation ou de l’enthousiasme poétique »… Etc. Pour finir, si l’utilité de la physiognomonie semble incontestable, Condorcet reproche à Lavater d’avoir donné « une suite de fragments », plutôt qu’un vrai raisonnement scientifique. Et il conclut en exhortant les hommes éclairés à chercher dans cet ouvrage « des vues utiles ou les fondemens d’une science nouvelle, et les gens oisifs des grandes villes à le lire non seulement pour l’amusement qu’ils y trouveront, mais à cause du goût qu’ils pourront y prendre pour des observations les seules dont ils puissent s’occuper sans rien changer à leur manière de vivre ».
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