Lot n° 807

CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1743-1794). L.A., [Paris], 1er septembre 1792, à BRISSOT DE WARVILLE ; 3 pages et demie in-8. Longue lettre sur la chute de Narbonne du ministère de la Guerre, et sur la défense de la patrie. «...

Estimation : 800 - 1000
Adjudication : 950 €
Description
L’affaire de NARBONNE est une intrigue de LAMETH, et de cette portion hipocrite du parti populaire, qui leur tient toujours par des fils secrets. Si nous sommes assez dupes pour ne pas les déjouer, ils culbuteront les nouveaux ministres ne pouvant pas les gagner. Vous savez qu’on cherche à exciter la garde nationale contre la fête de Chateauvieux, à lui inspirer de la haine contre le maire. Les intriguans qu’on devait envoier à l’armée sont toujours a Paris. MALOUET n’est pas renvoié a Toulon. D’ailleurs la forme que l’on a prise contre Narbonne aurait les plus grands dangers. 1° Elle etablirait dans nos armées l’habitude des denonciations sur leur position militaire, sur l’etat des places ce qui serait extremement utile aux ennemis. 2° Elle etablirait une lutte entre chaque armée qui se plaindrait toujours d’être trop faible. 3° Un general doit des comptes au ministre, doit s’il le juge necessaire faire des reclamations au Roi, directement, et à l’assemblée mais il ne doit pas signer les denonciations faites par un officier sous ses ordres ; et quand il s’agit d’un ministre de placé, c’est par des comptes officiels qu’il doit seulement l’attaquer. [...] Soyez sur que cette affaire va persuader a tous les militaires de l’Europe que nous ne sommes pas en etat de nous défendre, et qu’avec des denonciations qu’il leur sera facile de provoquer sans cesse par de faux mouvemens par de fausses menaces, ils nous forceront à degarnir les points les plus exposés pour couvrir ceux qui sont en sureté »... Il souligne le ridicule du fond de l’affaire, puis songe à leur ami girondin qui détient le portefeuille des Finances : « Quant a M. CLAVIÈRE, cette denonciation, les choix des affaires etrangeres, l’existence d’un conseil secret toujours agissant en sens contraire d’une liste civile employée par le gouvernement contre le gouvernement tout cela ne me permet pas de conseiller à persone de rester dans le ministere – lorsqu’on pense a sortir honorablement. Cependant je crois que le bien public exige qu’il y reste »...
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