Lot n° 268

Albert CALMETTE (1863-1933) bactériologiste. 18 L.A.S., Lille et Paris 1903-1931, au Dr Maurice de Fleury ; 29 pages in-8 ou in-12, à en-tête de l’Institut Pasteur de Lille puis de l’Institut Pasteur. Très...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 1 500 €
Description
intéressante correspondance médicale sur l’Institut Pasteur, ses propres travaux, et l’Académie de Médecine. Il remercie son ami de ses félicitations après son élection à l’Académie des Sciences, donne des nouvelles de Gaston dont l’état de santé l’inquiète, accepte son invitation à venir discuter avec lui et Grancher ; ainsi, grâce à son intervention, il a pu être admis à la Commission de la tuberculose ; la discussion s’articule aussi autour de la candidature de Maurice de Fleury à l’Académie de Médecine : ils font jouer leurs influences et comptent leurs voix. Il se dit rassuré des propos de Charles Monod à son égard. « Je n’ai jamais cherché à lui être désagréable d’aucune manière et j’ai toujours clamé bien haut la respectueuse estime que je professe pour son caractère et pour son talent. Mais je me préfigurais lui être plutôt peu sympathique, car je ne pouvais m’expliquer autrement son attitude à mon égard lors de la Conférence Internationale de Paris : M. Étienne m’a raconté l’opposition faite alors par lui à ma désignation comme délégué à cette conférence, et l’argument qu’il lui a servi (à savoir que j’étais d’avis contraires à ceux de Roux en matière de prophylaxie sanitaire et qu’il serait déplorable de nous mettre en contradiction en cette circonstance, etc…) était tellement extraordinaire et contraire à la vérité, que je cherchais vainement les causes réelles de ma disgrâce ! Vous me seriez tout à fait agréable si vous pouviez le décider à m’affirmer ses sentiments d’estime et de sympathie en tenant la promesse qu’il m’a faite depuis si longtemps de venir me voir à Lille »... Il organise la venue de Fleury à Lille avec Monod. « Nous déjeunerons et visiterons ensuite l’Institut et mon installation expérimentale d’épuration d’eaux résiduaires qui vous intéressera tous deux ». Il répond à ses interrogations. « 1° je ne sache pas que les électro-stabilisateurs Otto aient jamais fait leurs preuves. Ils ont piteusement échoué dans les expériences organisées il y a trois mois par l’assistance publique de Paris. On ne peut donc pas les considérer comme efficaces. 2° On n’a jamais réussi à désinfecter des appartements avec les divers procédés d’ozonification de l’atmosphère. Pour être antiseptique, l’ozone doit se trouver dans l’air à la dose de 4 à 5 milligr par litre l’air et, à cette dose, l’air est absolument irrespirable. De plus la production de l’ozone à cette concentration est trop couteuse pour être pratique dans ce cas particulier »… Les tractations se poursuivent pour l’Académie de Médecine et les candidatures croisées le mettent dans l’embarras. « Je suis tenu à une réserve extrême pour une foule de raisons dont la principale est qu’il serait choquant de voir l’un des fils de la maison de Pasteur guerroyer contre son frère ainé »… Mais Charles Chamberland se présente également. « J’espère que vous arriverez à une entente : il est impossible que vous vous présentiez l’un contre l’autre et, votre candidature ayant été déjà posée et acceptée par beaucoup, il me semble qu’il eût mieux valu s’y tenir. Je ne connais pas les raisons qui poussent Chamberland à se présenter. […] Vous pouvez être assuré, certes, de n’être jamais traité en ennemi par l’Institut Pasteur : je ne sache pas que vous y ayez autre chose que des sympathies »... La candidature de Chamberland est une manœuvre de Laveran, Vallin, et quelques autres… Calmette est flatté d’être invité à présenter ses « modestes travaux » à la conférence de l’Internat, et présentera « l’état actuel de la question des vaccins au point de vue spécial qui intéresse la pathologie générale »... Il prend la défense de Paul Ehrlich et de ses travaux sur la mise au point d’un traitement contre la syphilis, après les « polémiques publiées par certains journaux français au sujet de l’une de ses découvertes qui honorent le mieux l’humanité. Ceux d’entre nous qui savent toute la grandeur de l’œuvre d’Ehrlich, toute l’étendue de son désintéressement, en restent endoloris. Metchnikoff vous l’a dit hier avec la fougue dont il est coutumier et dont il ne faut pas vous froisser, car il a pour vous, pour votre personne et pour votre talent d’écrivain, la plus réelle estime »… La dernière lettre est adressée à Mme de Fleury après la mort de Maurice.
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