Lot n° 317
Sélection Bibliorare

[François QUESNAY (1694-1774)]. Prudent HaVIN (1715-1789) médecin, gendre de François Quesnay. Manuscrit autographe, [Vie de François Quesnay, circa 1774  ; cahier de 16 pages in-fol. (33 x 22 cm) ; quelques mouillures, haut...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 1 800 €
Description

et bas des ff. un peu effrangés. Première biographie du grand physiocrate par son gendre. Des notes marginales au crayon apportent d’intéressantes précisions : « Manuscrit de Prudent Hévin, gendre de Quesnay (Provenant des papiers de Jules Quesnay de Beaurepaire). – Il semble que ce soit d’après ce manuscrit qu’ont été écrites les différentes vies de François Quesnay publiées depuis lors. – C’est le manuscrit de Hévin lui-même rédigé à la demande de ceux qui voulaient des informations pour composer les Eloges de Quesnay »… Le manuscrit commence ainsi : « Messire François Quesnay Ecuyer, Conseiller du Roi, premier Medecin ordinaire et Medecin consultant de Sa Majesté, des Academies Royales des Sciences de Paris, Londres, Lyon et ancien Secretaire perpétuel de l’Accademie royale de chirurgie, est né a Merey près Montfort l’amaury, le quatre juin 1694, de Nicolas Quesnay et de Louise Giroux, qui habitoient un bien de campagne dont le produit suffisoit pour faire vivre à l’aise leur famille. Les gouts absolument opposés de ces parents, sembloient devoir mettre un obstacle à son education ; et c’est peut-être ce qui a le plus contribué à jetter dans sa tête le germe des connoissances profondes et multipliées qu’il a si parfaitement développé par la suite. Son Pere etoit avocat et passoit sa vie à Montfort dans la liaison le plus intime avec le Procureur du Roi de cette ville ou ils arrangeoient à l’amiable toutes les affaires qui se présentoient à eux. Du reste il ne se meloit en rien de tout ce qui regardoit sa maison et très peu de ce qui concernoit l’éducation de ses enfans »… Hévin évoque l’éducation de Quesnay, sous la tutelle de sa mère : « elle l’occupa dès qu’il eut l’age de raison, à presider a tous les differens travaux de l’œconomie rurale ; ensorte qu’il ne lui restoit pas même le tems d’apprendre à lire. Il n’est donc pas etonnant qu’il ne l’ait sçeû que fort tard. Cet emploi singulier des premieres années de M. Quesnay, ne lui fût pas inutile : n’ouvrir les yeux que pour voir la nature de près : et dès lors il la vit en scrutateur intelligent et très actif, comme un tableau dont il décomposoit les couleurs, et dont il suivoit le travail depuis les premiers linéamens jusqu’à sa perfection. Aussi connut-il bientôt a fond tout son mecanisme et le grand nombre de productions qu’elle offre dans les campagnes »… Puis Quesnay, après la lecture de la Maison rustique de Liébaut, « se détermina enfin pour l’art de guerir independamment du desir inné de se rendre utile à l’humanité qui lui laissoit entrevoir un travail suivi et continuel pour toute sa vie ». Il commença son apprentissage chez un chirurgien de campagne, puis se rendit à Paris « ou il se donna bientôt tout entier à l’étude de la théorie de la medecine et de la chirurgie dans les ecoles de la faculté et dans le college de St Cosme ; pendant qu’il suivoit la pratique des grands maitres de l’Hotel-Dieu. Il ne negligea point pendant tout le tems de son séjour à Paris, de s’appliquer à toutes les sciences qu’il jugea avoir trait à son art, tels que la botanique, la pharmacie et la chymie, et particulierement à toutes les parties des mathematiques et de la philosophie. La lecture des ouvrages de Descartes et du père Malbranche et surtout le livre de ce dernier sur la recherche de la vérité, faisoit l’objet favori de ses méditations »… Il s’établit à Mantes, où sa réputation ne cesse de croître, et où il se lie avec le maréchal de Noailles. Il se fait notamment remarquer par la critique du livre de Silva sur les saignées, notamment par La Peyronie, fondateur de l’Académie royale de Chirurgie, dont Quesnay deviendra plus tard le secrétaire perpétuel. Il soutient sa thèse en 1744, et est admis dans plusieurs sociétés savantes. Il fait paraître en 1736 son Essai physique sur l’œconomie animale, et collabore à l’Encyclopédie. « Il avoit acquis les plus grandes connoissances dans l’œconomie politique ; sa physiocratie en fournit la preuve : on peut même avancer sans crainte d’être contredit, qu’on a publié peu de bons ouvrages sur cette matiere si interessante et si debattüe depuis un nombre d’années, dont les auteurs n’ayent profité abondamment de ses conseils et de ses reflexions de vive voix ou par ecrit »… Le témoignage fait pénétrer dans l’intimité de Quesnay : « M. Quesnay avoit acquis par l’habitude, une si grande facilité pour le travail que forcé de l’interrompre souvent pour remplir les fonctions de son etat, il le reprenoit en rentrant et continuoit d’ecrire comme s’il n’eut point quitté son ouvrage. Il se levoit même très frequemment pendant la nuit pour mettre sur le papier ce qu’il avoit medité, de crainte que cela ne lui echappât. Enfin nous savons qu’il a composé en entier son traité des fievres continues à l’armée, au milieu du tumulte et du bruit d’un camp : il etoit dans une grange qui lui servoit d’habitation huché sur une meule de foin et de paille, et il y travailloit aussi paisiblement qu’il eut pû faire dans un cabinet. Il a conservé presque jusqu’à sa mort ce gout et cette aptitude qu’il avoit pour le travail, et ceux qui vivoient avec lui familierement ne s’appercevoient pas que sa tête eut baissé. Il convenoit lui-même qu’il n’avoit eprouvé aucune diminution sensible dans l’exercice de ses facultés intellectuelles : il avouoit seulement que sa tête n’etoit plus en etat de fournir à un travail suivi sur des matieres abstraites aussi longtems que par le passé. Nous pouvons dire que dans le mois qui a précédé sa mort, il a composé deux ou trois mémoires sur l’œconomie politique dont la lecture fit dire à un homme en place, que M. Quesnay avoit une tête de trente ans dans un corps de quatre vingt […] et il termina sa vie le 16 Decembre 1774 vers six heures du soir, aussi paisiblement que s’il n’eut fait que s’endormir » [...] M. Quesnay n’avoit eu que deux enfans ; un fils qui vit dans sa terre de Saint Germain de Beauvoir en Nivernois et qui a cinq enfans ; et une fille qui avoit epousé M. Hervin premier chirurgien de Madame et lui a laissé quatre enfans. » Provenance : Prudent Hévin (1715-1789). – Alexandre Quesnay de Beaurepaire (1755-1820) – Son petit-fils le magistrat Jules Quesnay de Beaurepaire (1834-1923). – Pierre Berès (1913-2008). – Vente Pierre Berès 80 ans de passion, 2e vente : Fonds de la librairie Pierre Berès (28 octobre 2005, n° 135 ; adjugé 3000 €).

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