Lot n° 355

Boniface, comte de CASTELLANE (1788-1862) maréchal de France. Cahier manuscrit avec corrections et 6 pages et demie autographes, Bagatelles sur mon temps, 1824-1830 ; cahier de 128 pages petit in-4. Début des mémoires du maréchal,...

Estimation : 1000 - 1200
Adjudication : 800 €
Description
racontant notamment ses campagnes de l’Empire auprès de Napoléon. Le présent manuscrit, commencé à Barcelone en novembre 1824, présente des variantes avec le début du texte publié du Journal du maréchal de Castellane (Plon 1895-1897), où il est indiqué que le journal se compose de 56 volumes manuscrits : « Pendant la campagne de Russie, il avait emporté deux petits cahiers sur lesquels il consignait ses impressions. Il perdit tous ses bagages au passage de la Bérézina et à Kowno, et ne sauva que ces deux petits cahiers serrés dans la poche […] Ayant eu la main droite gelée, il continua pendant quelque temps après son retour à écrire de la main gauche, et, depuis, il fut souvent obligé de dicter ses notes à des secrétaires. Depuis 1831, M. de Castellane avait entrepris de rédiger ses mémoires, en se servant de son Journal, de notes prises par lui antérieurement à 1812, et de sa correspondance journalière avec son père. Il avait donné à cet essai le titre de Bagatelles sur mon temps, et il y raconte sa vie depuis son engagement au service en 1804. À partir de 1812, les Bagatelles sur mon temps reproduisent presque fidèlement le Journal ». Le manuscrit, de la main d’un secrétaire, présente de nombreuses corrections autographes ; six pages et demie concernant la campagne de Russie sont autographes. Il commence ainsi (ce passage ne figure pas dans le Journal publié) : « Tout le monde fabrique des mémoires. Pourquoi ne raconterais-je pas ma vie comme un autre, j’ai écrit des relations de campagne, j’ai fait quelques remarques, dans un Journal sur ce qui se passait autour de moi […] je dirai qui je suis, car encore faut-il bien connaitre l’auteur d’un récit. Je suis né le 21 mars 1778 »... Il donne des indications sur sa famille et explique pourquoi « un Castellane doit toujours s’appeler Boniface quelque ridicule que soit ce nom. Il raconte son enfance puis donne ses états de service jusqu’en 1830. Il évoque les combats en Espagne en 1808, à Burgos où le comte Lobau demanda pour lui le grade de capitaine de la Garde et la Croix, et que Napoléon refusa, le trouvant trop jeune ; la campagne d’Autriche en 1809 où l’Empereur fut blessé au pied, la mort de Lannes, la bataille de Wagram « une des belles boucheries militaires ». En 1812, c’est la campagne de Russie : « Nous passâmes le Niemen le 24 juin avec la plus formidable armée que j’aye vu composée de toutes les nations, on y parlait toutes les langues, c’était une véritable tour de Babel […] La boucherie de la Moskova eut lieu le 7 septembre nous n’avions que 134 000 hommes présens, 583 pièces de canon ; nous y perdimes 30 000 soldats au moins […] Le lundi 14, nous sommes entrés à Moskou ; le feu y prit le soir, l’Empereur examinant le lendemain l’incendie du haut du Kremlin dit au comte Lobau Ceci nous présage les plus grands malheurs […] Dès le 7 novembre, bon nombre de soldats qui ne vivoient que de cheval étoient morts sur le chemin d’une singulière maladie ; ils avoient l’air ivre d’abord, fesoient ensuite des mouvements précipités puis tomboient par terre, s’écrioient Je n’ai plus de force et expiroient. […] Nous arrivâmes à la Bérésina le 26 toute l’armée à l’exception des corps Oudinot et de Bellune venant de Pollosk étoit à la débandade. Le 27 on passa paisiblement les ponts. Le 28 on se battit et il y eut du désordre au passage. L’Empereur quitta l’armée à Smorgonie […] J’eus le 7 décembre à Miedniki les 2 mains gelées ; on me les frotta avec de la neige, la gauche revint la droite un peu je la portai six mois en écharpe et j’en suis estropié »… Etc. Puis Castellane raconte la campagne de France, la Restauration (ayant prêté serment à Louis XVIII, il ne sert pas pendant les Cent-Jours), l’expédition d’Espagne ; c’est alors qu’il commence la rédaction de ces mémoires, dont les notations se poursuivent jusqu’en août 1830. On joint une lettre adressée au colonel Boni de Castellane (par un parent), Versailles 2 mars 1814, sur l’avancée du corps de Blücher et des nouvelles familiales.
Partager