Lot n° 28

CANADA - POTIER DE POMMEROY (René-Gédéon). Mémoires des services de René Gédéon Potier de Pommeroy. Manuscrit autographe signé, vers 1814-1815, 3 pp. in-folio, en feuilles. Ce précieux manuscrit est un témoignage rare de l’histoire...

Estimation : 800 - 1200
Adjudication : 1 105 €
Description
militaire française en Nouvelle-France et Nouvelle-Angleterre (1742–1760). René-Gédéon Potier de Pommeroy (1730–1822), officier et colon acadien issu d’une lignée de militaires français ayant servi en Nouvelle-France, incarne l’une des figures marquantes des guerres coloniales franco-anglaises en Amérique du Nord. Né au fort Frontenac, il s’illustra dès les années 1740 dans les conflits de la guerre de Succession d’Autriche, notamment lors des attaques des forts Saratoga et Lydius (New York) ou des expéditions contre les Mohawks alliés aux Anglais près de Montréal. Durant la guerre de Sept Ans, son engagement se poursuivit en Acadie, où il servit sur l’île Royale et l’île Saint-Jean (actuelles île du Cap-Breton et île du Prince-Édouard). Blessé en 1755 lors de la tentative française pour briser le siège du fort Beauséjour, il participa deux ans plus tard à l’assaut du fort George (lac Saint-Sacrement), accomplissant une mission périlleuse en traversant seul les lignes ennemies pour acheminer des dépêches. Fait prisonnier en Angleterre après la chute de l’île Saint-Jean en 1758, il fut rapatrié au Canada en 1760 avec les renforts du capitaine d’Angeac. Bien que l’escadre remporta quelques victoires près de Gaspé, elle fut finalement vaincue sur la rivière Ristigouche. Refusant de prêter serment aux Anglais, Pommeroy perdit ses biens et dut quitter la Nouvelle-France. Il termina sa carrière militaire en Guyane, où il commanda un fort avant de prendre sa retraite en 1768 avec le grade de capitaine, décoré de la croix de Saint-Louis en 1771. Dans ce manuscrit, il fait notamment le récit des principales péripéties de sa vie militaire au Canada et en Nouvelle-Angleterre de 1742 à 1760, évoquant parfois les supplétifs iroquois, Mohawks côté anglais ou Iroquois « domiciliés » côté français. Il avait établi un premier mémoire de même teneur, avec variantes de détails, vers 1768 pour solliciter une pension de retraite auprès du ministre de la Guerre. Il donne ici le brouillon d’une nouvelle version pour solliciter de nouveau l’aide du ministère. En voici quelques extraits : - « 1747 juin 2. A servie en Canada dans un détachem[en]t de 1500 hommes de trouppes et Canadiens commandé par monsieur Rigaud de Vaudreuil (François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil, petit-fils d’un gouverneur général de la Nouvelle-France et fils d’un futur gouverneur général de la Nouvelle-France) gouverneur des Trois-Rivières, en qualité d’aide de camp, par ordre de M. le marquis de La Galissonnière, gouverneur général en Canadas ; suis trouve dans détachem[en]t commendé par Mr de St-Luc de La Corne, lieutenant, avons défait une troupe d’Anglais de 300 hommes à porté[e] de canon du fort de Sarastot en la Nouvelle-Angleterre (Une des formes indiennes de Saratoga, au nord d’Albany, dans l’actuel État de New York aux États-Unis), avons fait 45 prisonnier[s]. Les sauvages firent plusieurs chevelures, & c. - 1748 avril 16. Servie par ordre du marquis de La Galissonnière sous les ordres de M. de Fontenelle de Langie, aussi cadet à l’éguillet[te], avec un parti de 90 sauvages, que nous fumes leve[r] en chantant la guerre -aux village[s] des Hiroquoi[s] au Saux-St-Louis (Sur la rive droite du Saint-Laurent, au niveau des rapides le long de l’île de Montréal), nous fûmes à un bourg de Quindrouk en la Nouvelle-Engleterre (Kinderhook, au Sud d’Albany, dans l’actuel État de New York), après 45 jours de marches ; nous ne fîmes qu’un prisonnier. - [1748] juillet 17. Servi sous les ordres de Mr de Baubassin, lieutenant, par ordre de M de La Galissonnière ; avons été avec des sauvages à Casquecouk à la Nouvelle-Angleterre (Fort Massachussets, tenu par les Anglais sur la rivière Hoosac, dite rivière Kaskekouke par les français, près de Bennington dans l’actuel État du Massachussets), après un mois de marches dans les montagnes, avons fait coups sans pouvoir faire de prisonnier malgré l’acharnemens des sauvages. Étant sous le canon du fort, avons eu 5 sauvages blessés, un de tué, avons mis 15 hommes [h]or[s] de combats qui ont rentré dans le fort avec des blessés. » Il évoque également son père sur quelques lignes, tué et scalpé par les Indiens : « Guilaume Potier de Pommeroy, sou[s]-lieutenant des troupes en Canadas, en garnison au… fort Front[e]nac [sur le lac Ontario]…, en 1731, au mois de mai, [reçut] l’ordre… avec un sergent et deux fusilier[s] de s’embarquer dans un canot d’écorce pour empêcher la fraude du commerce avec les sauvages, il fut encontré par un canot sauvages, ennemis, qui le mas[s]acrère[nt], et lui levèr[ent] la chevelure, ainsi qu’au détachement… » Marges un peu empoussiérées.
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