Lot n° 108
Sélection Bibliorare

SEGALEN (Victor). Épreuves corrigées de son livre Peintures. Paris : Georges Crès et Cie, 1916. — In-8, 201 x 130 : 114 ff. Demi-parchemin blanc, dos lisse, premier plat de couverture conservée, détachée, emboîtage cartonné (reliure de...

Estimation : 6000 - 8000
Adjudication : 7 329 €
Description
l’époque, étui moderne). Précieux jeux d’épreuves très corrigées donnant le texte quasiment complet du livre Peintures de Segalen. Cette œuvre est née dans la Chine prérévolutionnaire et achevée dans l’Europe en guerre. En 1910–1911, Victor Segalen rédige en Chine des notes préparatoires pour Le Fils du ciel, formant 4 cahiers achevés le 21 décembre 1911. Entre 1912 et 1913, il en extrait la partie consacrée à la peinture chinoise ancienne pour en faire un texte destiné à la « Collection coréenne » qu’il dirige chez Georges Crès. Il établit ainsi un second manuscrit, qu’il retravaille à partir de février 1915, de retour en Europe, en vue d’une édition courante précédant une version de luxe. Le 19 mai 1915, il écrit à Jean Fernet : « Au moment de venir ici [sur la ligne de front], je mettais juste le point final au 2e manuscrit, et j’entamais sous sa forme définitive le troisième. » Ces épreuves sont formées de 3 jeux différents complémentaires : la troisième partie (41 ff. non mis en page abondamment corrigés, au crayon et à l’encre noire) figure en un tirage primitif avec un « bon pour épreuves en pages » et l’indication d’une « peinture » à ajouter, ici non encore imprimée, « Maîtrise logique de Song ». Les 2 premières parties (63 ff., non mis en page, corrigés à l’encre rouge) correspondent à un tirage plus proche de l’intention définitive de Victor Segalen. Les 5 premiers et 5 derniers feuillets, corrigés en rouge et noir, sont mis en page. Victor Segalen a travaillé activement sur les placards (feuillets imprimés non mis en page) de Peintures entre septembre 1915 et début 1916. Il a retravaillé son texte avec une précision méticuleuse, intervenant à la fois sur la structure et le style, réorganisant les chapitres et les paragraphes, en ajoutant des indications de mise en page, faisant des corrections stylistiques comme le choix de mots plus poétiques (par exemple, « son goût inné pour le spectacle » devient « son goût inné pour le tréteau » (p. 65)), la simplification des images par la suppression de redondances (« le Visiteur cérémonieux et plein de bonnes manières », p. 63), le travail sur le rythme et la sonorité (« C’est le château d’eau d’où viennent ses fleuves drainant les provinces » devient « C’est le château d’eau d’où les fleuves, drainant ses provinces, découlent » (p. 90)), etc. Mais Segalen a également corrigé les coquilles, vérifié l’alignement des lettres et l’espacement entre les mots. Quelques reformulations, des titres intermédiaires ajoutés, et la mention de la succursale de Zurich de Georges Crès (absente dans cette version) diffèrent dans l’édition finale. Une charnière fendue.
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