Lot n° 79
Sélection Bibliorare

MONET Claude (1840-1926) L.A.S. « Claude Monet », [ÉtrÉtat, décembre 1868], à Frédéric BAZILLE ; 6 pages in-8 (dernier feuillet entièrement fendu au pli). Belle et longue lettre sur son séjour et son travail à ÉtrÉtat. Il est « très...

Estimation : 7000 - 8000
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Description
content très enchanté. Je jouis comme un vrai coq en pâte car je suis ici entouré de tout ce que j'aime. Je passe mon temps en plein air sur le galet quand il fait bien gros temps ou bien que les bateaux s'en vont à la pêche ou bien je vais dans la campagne qui est si belle ici que je trouve peut-être plus agréable encore l'hiver que l'été et naturellement je travaille pendant tout ce temps et je crois que cette année je vais faire des choses sérieuses. Et puis le soir mon cher ami je trouve dans ma petite maisonnette un bon feu et une bonne petite famille ». Il parle de son fils Jean, filleul de Bazille : « comme il est gentil à présent [...] c'est ravissant de voir pousser ce petit être et ma foi je suis bien heureux de l'avoir. Je vais le peindre pour le salon avec d'autres figures autour comme de juste. Je vais faire cette année deux tableaux de figures, un intérieur avec bébé et deux femmes, et des matelots en plein air. Et je veux faire cela d'une façon épatante. Grâce à ce Mr du Hâvre [Louis GAUDIBERT] qui me vient en aide je jouis de la plus parfaite tranquilité puisque débarrassé de tracas ainsi mon désir serait de rester toujours ainsi dans un coin de nature bien tranquille comme ici ». Paris et « les réunions du café Guerbois » ne lui manquent guère... « franchement je crois que bien mauvais ce que l'on ne peut bien faire dans un pareil milieu, ne croyez-vous pas qu'à même la nature seul on fasse mieux. Moi j'en suis sûr [...] ce que j'ai fait dans ces conditions a toujours été mieux. On est trop préoccupé de ce qu'on voit et de ce que l'on entend à Paris si fort que l'on soit et ce que je ferai ici [a] au moins le mérite de ne ressembler à personne, du moins je le crois parce que ce sera simplement l'expression de ce que j'ai ressenti moi personnellement. Plus je vais plus je regrette le peu que je sais c'est cela qui gêne le plus c'est certain plus je vais plus je m'aperçois que jamais on ose exprimer franchement ce que l'on éprouve ». Il est « doublement heureux d'être ici et je crois bien que je ne viendrai de longtemps à Paris maintenant, un mois tout au plus chaque année ». Il espère que Bazille est « plein d'ardeur » et devenu « tout à fait piocheur. C'est si bête de perdre son temps volontairement vous qui êtes dans de si belles conditions vous devriez faire des merveilles »... Il recommande ses toiles restées chez Bazille : « J'en ai tant perdu que je tiens à celles qui me restent. Du reste je vous ai débarrassé du plus grand [Le Déjeuner sur l'herbe] et si vous voulez me faire un plaisir cherchez dans tous vos recoins les toiles blanches que j'ai encore chez vous et aussi les toiles où il y a des choses abandonnées tel que votre portrait en pied et une autre toile de 60 où j'avais fait de mauvaises fleurs. Cherchez et envoyez-moi tout ce que vous verrez dont je puisse me servir. [...] je travaille tant que le peu de toile que j'avais est presque usé », et Carpentier lui a fermé son crédit : « me voilà obligé d'acheter au comptant et vous ne savez pas ce que cela coûte »...
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