Lot n° 125

SCHÖNBERG Arnold (1874-1951) L.S. « Arnold Schönberg », Mödling bei Wien 30 décembre 1922, à Marya FREUND ; 1 page et demie in-4 dactylographiée avec quelques corrections à la plume, et son cachet encre en tête ; en allemand. Intéressante...

Estimation : 3000 - 4000
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Description
lettre à la cantatrice Marya FREUND (1876-1966), relative au Pierrot Lunaire dont elle fut l'interprète inspirée. À propos de concerts à Paris et à Copenhague, celui de Paris (14 décembre) ayant été annulé, et de l'organisation d'un nouveau concert parisien où il devrait diriger le Pierrot. Marya Freund devrait chanter la Waldtaube et un groupe de ses anciens lieder : « eine Gruppe meiner älteren Lieder (etwa 4-6) ». Il dirigera sa Kammersymphonie, et pourra accompagner Waldtaube dans la version qu'il a retravaillée pour orchestre de chambre. On pourrait aussi penser à Erwartung, dont la partition avec piano n'a pas encore paru. Schönberg s'inquiète des réactions lors de la dernière représentation parisienne du Pierrot Lunaire. À Genève et Amsterdam, il avait remarqué pour la première fois que « Madonna », « Rote Messe » et même « Kreuze » avaient suscité une certaine manière d'offense religieuse. Il n'avait jamais envisagé une telle possibilité auparavant, et rien dans toute sa vie n'a été plus éloigné de son esprit qu'une telle intention, car il n'a jamais été antireligieux, et même jamais vraiment irréligieux. Il a interprété ces poèmes beaucoup plus naïvement que la plupart des gens, et il n'est pas certain que ce soit totalement injustifié. De toute façon, il n'est pas responsable de ce que les gens veulent interpréter dans le texte. S'ils étaient un tant soit peu musiciens, personne ne se soucierait du texte ; ils devraient plutôt siffler les mélodies. Or, le public musical d'aujourd'hui est capable de comprendre le texte, tout en étant par ailleurs complètement sourd à la musique ; et aucun succès au monde ne peut le tromper sur ce point. « Was Sie mir von der letzten Pariser-Aufführung den Pierrot schreiben, beunruhigt mich. Ich bemerkte in Genf und Amsterdam zum erstenmale dass “Madonna”, “Rote Messe” und auch “Kreuze” irgendwie religiöses Aergernis erregen. Ich habe bisher nie an eine derartige Möglichkeit gedacht und nichts ist mir in meinem ganzen Leben ferner gelegen, als eine solche Absicht, da ich zu keiner Zeit meines Lebens antireligiös, ja auch eigentlich nie unreligiös war. Ich habe diese Gedichte scheinbar überhaupt viel naiver aufgefasstl, als die meisten Menschen und bin noch nicht ganz ungewiss, ob das so durchaus unberechtigt ist. Jedenfalls bin ich für das, was die Leute aus dem Text herauslesen wollen, nicht verantwortlich.Wären sie musikalisch, so würde sich um den Text kein Mensch scheren. Statt dessen würden sie die Melodien nach pfeifen. So aber versteht das heutige Musikpublikum im besten Fall den TEXT, während es im Uebrigen vollständig musiktaub ist-darüber kann mich kein Erfolg der Welt täuschen »...
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