Lot n° 217

STAËL Germaine Necker, baronne de (1766-1817) L.A., Pise 16 février 1816, à la duchesse de DURAS ; 4 pages in-4. Belle et longue lettre pendant son voyage en Italie. Elle reproche à la duchesse de l'oublier : « Je vous attends et je vous aimerai...

Estimation : 1500 - 1800
Adjudication : Invendu
Description
toujours mais vos sentiments actuels ne laissent pas de place aux pauvres candidats qui sollicitent l'entrée dans votre coeur ». Elle la charge de transmettre une lettre à Louis XVIII : « C'est pour le mariage d'Albertine et lui exprimer de nouveau toute ma reconnoissance pour les avances qu'il a daigné nous faire sur notre dette dans les circonstances actuelles. C'est mardi 20 que le double mariage anglois et catholique aura lieu. Comme je suis d'autant plus protestante que les habitants du midi nous persécutent c'est la cérémonie angloise qui me touchera beaucoup. Elle est en effet bien belle [...] vous verrez ce qu'il y a d'âme et de sensibilité dans cette nation j'en excepte ceux qui sont nos maîtres et néanmoins Lord WELLINGTON aura toujours une grande puissance sur moi, l'admiration ne s'efface jamais. Ce que je sens pour vous aussi ne peut se détruire »... Après avoir évoqué quelques amis, et la mort du gendre de la duchesse (le prince de Talmont, mari de Félicité), elle parle de son voyage : « J'ai renoncé au voyage de Rome la peste me fait un peu peur encor plus celle de Dalmatie que celle de Niza mais comme ils disent si bien ici in una velata elle est en Italie et les soldats du pape ne sont pas incorruptibles. Je vais donc passer avec toute ma famille trois mois à Florence de là en Suisse et l'automne à Paris pour présenter ma fille. Mais croiriez-vous que je n'ai pas le projet d'y passer l'hyver ? Mon système est toujours en opposition absolue avec celui qu'on suit et mon affection la plus sincère pour qui le suivent. Dans cette situation il ne faut pas parler et qui peut se taire six mois. Je pourrai peut-être voir la Sicile et le Portugal l'hyver prochain. Chaque objet nouveau est une idée et une image dont on enrichit son âme. Albertine est heureuse Mr de BROGLIE a beaucoup d'esprit et de connoissances, sa conversation est très animée dans la solitude, enfin j'espère que cette union réussira bien, il reste avec nous et je le retiendrai tant que je pourrai. L'on ne sert à rien maintenant dans l'opposition il faut que l'opinion éclaire ceux qui croyent qu'on se passe d'elle. L'Italie est fort tranquille ils sont si accoutumés au pouvoir des étrangers c'est un pays où l'esprit existe sans nul rapport avec le caractère comme le talent de jouer du clavecin. Adieu dear dutchess, ne jettez pas tout par la fenêtre, excepté vos premiers sentiments, et permettez-moi de vous aimer et de vous apprécier de toutes les facultés de mon être ». Elle demande de brûler cette lettre. PROVENANCE La Duchesse de Duras et ses amis, Chateaubriand (vente 24 octobre 2013, n° 221).
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