Description
lisse, titre et auteur dorés, double filet doré. Architecte, dessinateur, philosophe et poète visionnaire, Claude Nicolas Ledoux (1736-1806) peut être considéré comme un homme des Lumières et un visionnaire qui rayonne encore. Édition originale particulièrement rare. Exemplaire à toutes marges. Ouvrage magnifiquement illustré d'eaux-fortes sur cuivre d'après les dessins et desseins de Claude-Nicolas Ledoux (hormis son portrait au frontispice). Elles furent gravées, parfois au fil du temps, par plusieurs artistes dont Ransonnette, Masquelier le Jeune, Sellier, Van Maele. L'ouvrage comprend 126 cuivres estampés en noir sur 116 feuillets de planches, avec : le titre-frontispice au portrait gravé sur cuivre par Varin non numéroté, un titre gravé (n° 1), une dédicace au tsar Alexandre Ier empereur de Russie, gravée par Dien, (n° 2) et 123 compositions numérotées de 3 à 125 estampées en noir sur 113 feuillets (10 de ces feuillets portant chacun 2 cuivres numérotés). Seuls 2 exemplaires au CCFr (BnF). Ne se rencontre presque jamais en mains privées. Bien complet de la célèbre planche moderniste de l'oeil du théâtre. Seule gravée à la manière noire, elle aurait été réalisée par Ledoux lui-même et inspirera jusqu'aux surréalistes avec le “Faux miroir” de Magritte en 1928. Ouvrage des Lumières. Titre capital de l'histoire de l'Architecture, à la fois Grand OEuvre, réalisé ou projeté, traité théorique d'architecture et “voyage pittoresque” à travers une cité imaginaire, essai utopique sur les sciences politiques, naturelles ou sociales... mais aussi poème lyrique sur l'architecture. Germe moderniste et proto-industriel. Claude-Nicolas Ledoux commença dès son entrée à l'Académie d'architecture en 1773 à faire exécuter des gravures de ses travaux, mais c'est vers 1780 qu'il envisagea de publier des oeuvres complètes. Le large succès qu'il rencontrait dans sa pratique lui garantissait les moyens financiers pour mener à ses frais une entreprise éditoriale de grande ampleur, sans contrainte de temps, en toute liberté d'expression, avec l'aide des meilleurs graveurs d'architecture. Au fur et à mesure de l'évolution de ses idées, il fit regraver certaines planches déjà exécutées pour les faire coller à sa pensée. Ce n'est que vers 1793-1794 qu'il arrêta la forme que devait prendre son “testament architectural”, les planches illustrant une réflexion à l'importance devenue primordiale dans le contexte philosophique et politique de la Révolution qu'il investit tant-sa cité utopique de Chaux-mais qui ne le lui rendit pas. Emprisonné un temps sous la Terreur, il meurt en 1806. Seul le premier volume, notre ouvrage, parut de son vivant en 1804. Seul tome publié, ce volume est entièrement consacré à la Saline royale d'Arc-et-Senans, à sa cité idéale de Chaux-préfiguration des utopies fouriéristes ou phalanstériennes dont accouchera la Démocratie-et au théâtre de Besançon. Trois autres volumes devaient suivre mais seul un second tome, composé par Daniel Ramée à partir des documents et des cuivres laissés par Ledoux, paraîtra en 1846. On ne fera ensuite qu'une autre impression en 1991. Ledoux, protégé des personnages de la Cour dont il était familier, réalisera des commandes privées ou publiques, oeuvres modestes ou prestigieuses, de toutes sortes : petites églises, hôtels ou châteaux pour l'aristocratie, prison, les théâtres, la célèbre Saline royale d'Arc-et-Senans dans le Doubs, l'urbanisme paysager des quartiers nord-ouest de Paris, le mur d'enceinte des fermiers généraux avec ses « barrières »... Dans les années qui précèdent la Révolution, sa renommée traversait les frontières et l'empereur Joseph II d'Autriche, frère de Marie-Antoinette, ou le futur tsar Paul Ier, à qui l'ouvrage sera dédié, visitent ses réalisations et admirent ses planches. L'un et l'autre souscriront des exemplaires. En 1789, il fait parvenir 273 de ses dessins au tsarévitch Paul Ier. Assassiné en 1801, c'est son fils, Alexandre Ier, qui recevra la dédicace à la parution en 1804. Au-delà, Ledoux deviendra un des maîtres à penser des architectes russes du XXe siècle. Les défauts ne concernent que la reliure : mors et charnières fragilisés ou fendus en pied, petit manque de cuir au dos, coupes frottées, usure. L'ouvrage lui-même étant resté très frais.