Lot n° 601

ROGER-DUCASSE, Jean 7 lettres aut. s. à "Chère Madame & amie" [Louise Cruppi], Le Taillan ou s.l., s.d. (c. 1909-1925), la plupart sur doubles ff., in-12. Qqs fentes aux plis. 

Estimation : 500 / 600
Adjudication : Invendu
Description
Belle corresp. avec Louise Cruppi (née Crémieux, 1862-1925), épouse de l'homme politique Jean Cruppi; amie de Marguerite Long et de Maurice Ravel (qui lui dédia "L'Heure espagnole" et écrivit "Le Tombeau de Couperin" à la mémoire de son fils Jean-Louis, mort à la guerre), elle écrivit sous le pseud. Louise Dartigues et entretint une corresp. suivie avec Roger-Ducasse qui fut le maître de son fils Paul (mort prématurément en 1910). En 1909, après sa nomination d'inspecteur de l'enseignement du chant dans les écoles de Paris, grâce aux Cruppi, longue lettre de 8 pp. dans laquelle il évoque plusieurs de ses compositions : " (...) je remets sur pied mon quatuor avec piano, c'est à dire que je n'en conserve que les thèmes qui étaient jeunes et ardents, mais dont je dirige les développements avec une maturité sûre que je ne possédais point il y a 10 ans (…) Je me suis attaché à la Sarabande, mais l'idée que je veux réaliser va me conduire bien loin et cependant, j'y voudrais mettre tout ce que je ne veux pas exprimer par des paroles : car les sons, tout en livrant exactement ma pensée, me semblent cependant ne la réaliser que pour moi seul, qui y vois, seul, tout ce que j'ai voulu y mettre : et puis, avec les modifications qu'apporte nécessairement le travail patient de la pensée et de l'idée, cette œuvre sera peut-être tout autre chose, réalisée, que conçue. La Pastorale pour orgue que je vous enverrai, est partie de très peu et la voilà une grande œuvre (...)". Il évoque aussi son projet d'opéra sur "La Ville Morte" de D'Annunzio, Jean et Marcel Cruppi... En 1910, il refuse un concert à Londres (la mer à traverser !), à Saint-Pétersbourg (trop de neige !), parle de la "Sarabande", et ajoute : "De la jeune école, Ravel et moi, seuls, sommes joués aux séances françaises de Munich. Voilà qui devrait réjouir Fauré; mais il a d'autres chiens à fouetter !". En [1913], longue lettre de 6 1/2 pp. sur son opéra "Orphée" qu'il doit faire représenter à Saint-Pétersbourg : "Quand l'Hébé emporte vers la mer la tête et la lyre lumineuse d'Orphée, je fais chanter un grand chœur au peuple émerveillé, mais chœur sans paroles : seulement à chaque aboutissement, à chaque sommet des phrases musicales de ce chœur, arriveront étincelants, les deux noms d'Orphée et d'Eurydice. Je crois que cela pourra faire très bien". En 1925, belle lettre après une exécution de la "Sarabande", enfin admirée onze ans après sa création; il évoque la genèse de l'œuvre et son élève Paul Cruppi : "J'ai retrouvé, au Taillan, la première ébauche du thème initial que je lui avais montrée, pensant l'introduire dans quelque suite de Danses anciennes, et, devant la portée, il avait fait une grande croix au crayon pour attirer mon regard vers cette idée musicale et l'œuvre est née, et je l'aime, parce que c'est lui et parce que c'est moi". Joint, du même : "Sarabande". Manuscrit aut.s., s.d., 7 x 15 cm. Les 4 premières mesures de la "Sarabande pour piano", composée en hommage à Paul Cruppi. Probablement extr. d'un album (traces de montage au verso). (8 pcs)
Partager