Lot n° 33

[Molitor (Ulrich)]. De laniis [sic pour lamiis] et phitonicis [sic pour pythonicis] mulieribus. [Au colophon] : 10 janvier 1489 [Bâle, Michael Furter ou Johannes Amerbach, vers 1490-1495]. In-4, maroquin vert, triple filet doré, petit fleuron doré...

Estimation : 20000 / 30000
Adjudication : 40 000 €
Description
aux angles, dos lisse orné à la grotesque, pièce de titre rouge, roulette intérieure, tranches dorées (Reliure du xviiie siècle). Caillet, III, n°7630 (pour d’autres éditions). — CIBN, M-514. — Copinger, n°4337. — Goff, M-798. — GW, M25157. RARISSIME ÉDITION INCUNABLE DU PREMIER LIVRE ILLUSTRÉ SUR LA SORCELLERIE, peut-être la première publiée à Bâle. Imprimée en caractères gothiques, avec le titre sur deux lignes au feuillet ai et le texte disposé sur 32 lignespar page, elle est illustrée de 7 bois à pleine page représentant des sorciers et des sorcières dans leurs activités maléfiques. Celui qui occupe le verso du titre montre deux sorcières autour d’une marmite sur le feu et invoquant la pluie, l’une y jetant un coq et l’autre s’apprêtant à y plonger un serpent ; ce bois est répété une fois au feuillet c2. Sur les 5 autres figures, on peut voir des sorcières volant dans les airs sur des balais magiques, une scène de lycanthropie où un sorcier est monté sur un loup, le diable déguisé en bourgeois qui s’efforce de corrompre une femme, l’envoûtement d’un homme et un groupe de trois sorcières attablées sous un arbre. Le De lamiis et pythonicis mulieribus, que l’on peut traduire par De la sorcellerie et des sorcières, est l’un des plus anciens et des plus célèbres textes sur le sujet au côté du Malleus maleficarum (vers 1486-1487) des frères dominicains allemands Heinrich Institoris et Jacob Sprenger. Publié pour la première fois vers 1489, il connut plusieurs éditions incunables. L’ouvrage se présente sous la forme d’un dialogue entre Ulrich Molitor (^ 1492), avocat et docteur es lois à la cour de Constance, le magistrat Conrad Schatz et l’archiduc Sigismond d’Autriche, lesquels débattent sur les sorcières, leurs sortilèges et sur la procédure à suivre pour les punir. Il se distingue du Malleus par une remise en cause du pouvoir maléfique du démon et par son refus de considérer le voyage nocturne et le sabbat (qualifié de convivium) comme autre chose que des illusions diaboliques, mais il s’aligne sur le traité des dominicains allemands au sujet de la responsabilité des sorcières en matière d’hérésie et d’apostasie et conclut donc également, en suivant l’autorité du droit romain, à la nécessité de les mettre à mort (Jean-Patrice Boudet, Entre science et nigromance^, 2006, p. 494). De ce livre, il existe certaines éditions incunables dont le colophon ne mentionne pas de lieu d’impression mais porte la date du 10 janvier 1489. La nôtre, qui en fait partie, sortirait des presses de Michael Furter ou de Johannes Amerbach à Bâle. Les catalogues en ligne la datent aux alentours de 1495, bien qu’elle semble être antérieure à celle décrite sous le n°298 du catalogue des livres allemands de la collection Fairfax Murray, que le rédacteur croit imprimée à Bâle vers 1490. En effet, en comparant le bois sur lequel figurent les deux sorcières autour de la marmite, identique dans les deux éditions, on s’aperçoit que celui qui a servi pour notre édition est moins usé que l’autre (celui-ci est reproduit dans ledit catalogue, t. II, p. 487) et possède encore sa partie inférieure droite intacte. Seuls 7 exemplaires de cette édition seraient recensés dans les fonds publics, dont 4 conservés en France. Bel exemplaire, grand de marges, dans une reliure en maroquin vert du XVII Ie siècle, et peut-être celui cité par Brunet (III, 1815), provenant de la bibliothèque Mac-Carthy Reagh (1815, I, n°1678), grand bibliophile irlandais réfugié en France, près de Toulouse, qui a par la suite appartenu au marquis de Germigny (1939, n°13). Il était en 1815 relié avec le Tractatus Utilissimus artis memorative de Matheoli Perusini (1498). Celui-ci aurait pu être oté depuis et le dos de la reliure alors refait. Le verso du dernier feuillet, blanc, porte une recette médicale manuscrite du début du XVI siècle, accompagnée du nom du premier possesseur du livre, un certain Millot de Sombernon. Légères piqûres sur le titre, verso du dernier feuillet un peu sali, petites taches claires à quelques feuillets. Dos de la reliure très habilement refait.
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