Lot n° 53
Top Enchère

Cendrars (Blaise). - Delaunay (Sonia). La Prose Du Transsibérien Et De La Petite Jehanne De France. Couleurs simultanées de Mme Delaunay-Terk. Paris, Éditions des Hommes Nouveaux, 1913. In-12 (dépliant de 2 m x 36 cm), sous couverture en...

Estimation : 120000 / 150000
Adjudication : 210,000 €
Description
parchemin peinte à la main, emboìtage de plexiglas. Édition originale sous la couverture originale en parchemin peinte par Sonia Delaunay. Exemplaire numéroté sur simili Japon (n° 118), signé par Blaise Cendrars. LES 445 VERS DEBLAISE CENDRARS, IMPRIMÉS DANS DES CORPS, DES CARACTÈRES ET DES COULEURS DIFFÉRENTS , SONT ILLUSTRÉS SUR LA GAUCHE D 'UNE GRANDE COMPOSITION ABSTRAITE AU POCHOIR DE SONIA DELAUNAY REHAUSSÉE EN COULEURS EN FIN DE LIGNES C'est le premier essai de livre simultané dont Cendrars voulait faire un objet poétique. Le tirage annoncé de 150 exemplaires n'a jamais été achevé. Antoine Coron, directeur de la Réserve des Livres Rares de la Bibliothèque nationale de France, qui étudie tout particulièrement ce livre, nous a aimablement confirmé n'avoir, à ce jour, localisé que environ soixante-dix exemplaires. La Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars et Sonia Delaunay est une reuvre phare de la modernité. Simultanément, La Prose se fait poème, tableau, le manifeste d'une modernité libératrice des formes et des idées. La collaboration de Blaise Cendrars et de Sonia Delaunay a engendré un objet inédit, ouvrage de deux mètres de haut et de trente-six centimètres de large. Mis bout à bout, les 150 exemplaires initialement prévus devaient atteindre la hauteur de la Tour Eiffel, cette tour qui fascinait Cendrars et Robert Delaunay et que Sonia Delaunay représente en rouge en bas de La Prose. C'est au pied de cette tour que Cendrars découvre le train du Transsibérien lors de sa visite à l'Exposition Universelle de 1900. L'reuvre est destinée à être lue et vue en même temps, l'reil devant percevoir simultanément le rythme des mots, des couleurs et des formes. Plus qu'un livre illustré, La Prose s'impose comme un véritable tableau-poème, une reuvre d'art total. Le texte, les formes, les couleurs se mêlent et se répondent en parfaite symbiose. La contribution de Sonia Delaunay est totalement abstraite, excepté la carte géographique du Transsibérien en tête du poème et la Tour Eiffel accompagnée de la grande roue en pied. L'interprétation de figures oblongues, courbes et circulaires, procure une impression de dynamisme et d'éblouissement. Il s'agit en effet de traduire en couleur le rythme et l'émotion du poème. La typographie, inédite pour l'époque, faite de caractères, de corps, de polices et de couleurs différents, accompagne cette volonté de créer un langage nouveau. Sonia Delaunay relate ainsi sa rencontre avec Blaise Cendrars : Le mercredi, Apollinaire recevait ses amis dans son nouvel appartement. A une de ses soirées, j'ai vu, assis sur son grand divan, un petit jeune homme frêle et blond, Blaise Cendrars [.] Peu après, Cendrars m'apporta La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France et, très emballée par la beauté de ce texte, je lui proposai de créer un livre haut de deux mètres une fois déplié. Je m'inspirai du texte pour une harmonie de couleurs qui se déroulait parallèlement au poème. Les lettres d'impression furent choisies par nous, de différents types et grandeurs, choses qui étaient révolutionnaires pour l'époque. Le fond du texte était coloré pour s'harmoniser avec l'illustration. [.] Les contrastes de couleurs, expliqua Guillaume Apollinaire, habituaient l'reil à lire d'un seul regard l'ensemble d'un poème, comme un chef d'orchestre lit d'un seul coup d'reil les notes superposées dans la partition, parfaite définition de ce que Sonia Delaunay et Blaise Cendrars entendaient par « peinture simultanée ». Le poème de Blaise Cendrars en lui-même s'inscrit également dans l'avant-garde littéraire. Les 445 vers libres insufflent un vent de liberté tant par leur style que par leur propos. Par ses expérimentations formelles, La Prose incarne idéalement la modernité inventive et constructive des avant-gardes et de leur révolution plastique. Nous sommes en 1913, La Prose, comme manifeste du simultanéisme, se place au creur des débats contemporains du cubisme, de l'orphisme, du futurisme, du suprématisme. dans leur quête d'un langage nouveau propre à retranscrire un monde en mutation. Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, le poète et le peintre, dans un désir commun abolissant toute frontière, nous offrent une belle leçon de fraternité artistique. Sans doute n'y eut-il pas de plus bel exemple de collaboration et de transversalité, données essentielles dans l'art aujourd'hui. ADMIRABLE EXEMPLAIRE, D'UNE IRRÉPROCHABLE FRAÍCHEUR. Petite fente restaurée sur 6 centimètres.
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