Lot n° 10

[ÉMIGRATION – ARMÉE des PRINCES]. Louis de MAUNY. Officier émigré. 4 L.A.S. à M. Noche de La Songe, cy-devant conseiller en l’élection de Troyes en Champagne. Mézières et Strasbourg, février 1790 – septembre 1791. 6 pp. ½ sur...

Estimation : 300
Description
bi-feuillet in-8, adresse au verso, avec cachet de cire rouge aux armes bien lisible.


►Intéressante correspondance du Comte de Mauny, « capitaine au 13e Régiment cy-devant Bourbonnais », prenant ses dispositions pour vendre toutes ses terres avant d’envisager d’émigrer et rejoindre l’Armée des Princes ; février 1790 : Vous devez avoir enfin reçu la procuration que vous demandiez, elle a été copiée mot à mot (…) ce qui me fait espérer qu’il n’y aura plus de retard. Il est heureusement faux que le régiment soit du nombre de ceux qui doivent s’embarquer, mais il a paru que nous ne ferons pas un long séjour à Mézières, d’après les lettres de Monsieur Victor de Broglie ; nous nous attendons à partir dans les premiers du mois prochains. Ce sera la septième garnison que j’aurai fait (…).
On nous fait craindre une route longue. Il lui demande de lui faire passer une avance de 300 livres ; vous ne craigniez rien puisque mon intention est de vendre (…). J’ai écrit à Monsieur d’Anton pour le prier d’en parler à Monsieur d’Aulnay. Il a reçu l’estimation de ses terres qui se monte à 10,000 francs. Mais comme dans ce moment il y en a beaucoup à vendre, je les laisserai à un peu meilleur marché, si elles peuvent convenir à M. d’Aulnay fils (…).
Je crois que cette acquisition lui serait plus avantageuse que les Biens du Clergé. Il lui demande ce service le plus tôt possible ; une longue route avec femme, deux enfans et deux domestiques, ne peut se faire qu’avec beaucoup d’argent, et je n’ai pas encore touché un sol de mes revenus ; il donne le détail de ce qu’on lui doit, dont une pension qu’il a obtenu en Amérique.
Février 1791 : il le presse de lui envoyer l’argent et donne son accord pour vendre au détail, écrit à « M. Danton » afin d’arranger pour le mieux ses affaires, embarrassé si son régiment venait à partir.
Mai 1791 : il demande de lui envoyer 3200 livres, prix de la maison qu’il lui a vendu ; j’ay votre promesse par écrit de ne point me payer en assignats pour ne pas en supporter la perte par moitié ; Ils perdent ici [Strasbourg] de dix à onze pour cent (…), les autres à proportion de leurs valeurs (…). Il règle encore différentes affaires dont les terres qu’il a chargé de vendre par M. d’Anton, le priant d’en faire afficher la publicité ; Cette acquisition vous conviendrait autant que des Biens nationaux. L’opposition de M. de Chavigny doit être levé, et demande de lui écrire à Coulommier, en qualité d’officier de cavalerie car il ne connait pas ses titres. Strasbourg et tous les environs sont très tranquiles dans ce moment.
Nos voisins nous craignent encore plus que nous ne les craignons, ce qui fait espérer que la guerre n’aura pas lieu (…).
29 septembre 1791 : il réclame le paiement de ce qui lui est dû, reprochant à M. d’Anton de ne lui avoir pas fait éviter les retards et les frais de la transaction, sans compter la perte des assignats. Il ne peut ni se déplacer ni avoir un congé à cause de la crainte de la guerre. Des nouvelles (de Paris ?) lui indiquent que la sanction du Roy a changé la politique, l’on est persuadé que les troupes impériales et prussiennes cantonneront sous peu.
L’Impératrice de Russie a retiré son ambassadeur, et l’on sent que les autres puissances, particulièrement les Suisses, ne traiteront avec le Roy qu’autant que sa liberté sera prouvée. Plusieurs courriers lui rapportent que l’on travaille à loger dans les villages les nouveaux mousquetaires et gardes du corps levés par Monsieur de Condé. Ces nouvelles sont très certaines (…).
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