Lot n° 183
Sélection Bibliorare

George SAND. Manuscrit autographe signé, Jacques, 1834 ; 48-49 feuillets (192 pages) in-4 .....

Estimation : 15 000 / 20 000
Adjudication : 15000 €
Description
....... (24,8 x 20 cm) montés sur onglets en un volume in-4, reliure demi-vélin blanc à coins (pièce de titre au dos usagée).

Manuscrit complet du sixième roman de George Sand, écrit à Venise après le départ de Musset. Avant de partir pour Venise, et pour financer son voyage, George Sand a signé avec François Buloz le 9 décembre 1833 un traité pour son prochain roman, en 2 volumes, intitulé Jacques, pour la somme de 5.000 francs. Elle commencera à écrire Jacques au début de mai 1834, alors qu’elle vit à Venise avec Pietro Pagello ; elle enverra le manuscrit à Buloz au fur et à mesure de son avancement, les 30 mai, 14 et 26 juin, et enfin le 4 juillet (elle l’a fini dans la nuit), vingt jours avant de quitter Venise. Le roman paraîtra chez Bonnaire le 20 septembre 1834, et sera dédié à ses amis Alphonse et Laure Fleury. C’est un roman par lettres, forme que Sand affectionne particulièrement, entre Fernande de Theursan, son amie Clémence de Luxeuil, Jacques, son amie Sylvia, Octave, son ami Herbert, et quelques autres. « Jacques, un homme de trente-six ans, qui a déjà vécu de nombreuses amours, épouse Fernande, une toute jeune fille éprise de lui, et s’installe avec elle en Dauphiné. Sombre, voire taciturne, il ne comprend pas le tempérament romanesque et jaloux de sa jeune femme.

Un peu plus tard, Fernande fait connaissance de Sylvia, une très belle amie de son mari, et de son amant malheureux, Octave. Ne sachant que penser des liens qui unissent Sylvia et son mari, désorientée et isolée, Fernande s’éprend d’Octave qui, à ses côtés, oublie les dédains de Sylvia. Pour laisser à sa femme un droit au bonheur que la société lui refuserait, Jacques feint de partir en voyage d’affaires et se suicide : il ne reviendra jamais d’une dangereuse promenade dans les montagnes du Tyrol » (Marielle Caors, George Sand de voyages en romans). Malgré ce qu’écrivait le 12 mai 1834 à Musset (« Jacques est en train et va au galop. Ce n’est l’histoire d’aucun de nous. Il m’est impossible de parler de moi dans un livre, dans la disposition d’esprit où je suis »), on ne peut s’empêcher de trouver quelque similitude avec l’histoire personnelle de Sand, avec son mariage malheureux et son aventure avec Musset. Le roman fit polémique. Balzac l’a résumé de façon plaisante pour Mme Hanska : « Jacques, le dernier roman de Mme Dudevant est un conseil donné aux maris qui gênent leurs femmes de se tuer pour les laisser libres. […] Une jeune fille naïve quitte, après six mois de mariage, un homme supérieur pour un freluquet, un homme important, passionné, amoureux, pour un dandy, sans aucune raison ni physiologique ni morale » (18 octobre 1834).

Mais Flaubert l’a beaucoup aimé : « J’ai lu peu de choses aussi belles que Jacques » (à Ernest Chevalier, 18 mars 1839).

Le manuscrit est écrit d’une écriture fine et serrée, à l’encre brune, sans marge, remplissant toute la page, au recto et verso des feuillets (à l’origine des bifeuillets, dont plusieurs sont encore assemblés) d’un papier un peu épais et légèrement bleuté. Il est divisé en deux volumes, chacun ayant sa numérotation propre, 48 feuillets pour le premier, et pour le deuxième 24 bifeuillets (le 2e feuillet étant compté bis), plus une page 22 ter. Les lettres sont également numérotées séparément : 41 dans le 1er volume, 57 dans le second. Le manuscrit présente de nombreuses ratures et corrections, et parfois plusieurs lignes biffées ; Sand a ajouté un post-scriptum à la lettre liii sur la page 22 ter du 2e volume. La dernière page porte le texte de la « dédicace pour mettre sur la première page du 1er volume » : « À Monsieur et à Madame A. Fleury. – Mes amis, je vous dédie un livre que je vous prie de me pardonner. Refaites en les pages où j’ai fait parler l’amour conjugal et déchiez en le dénouement car grâce à Dieu et à vous-mêmes, vous le trouverez bien invraisemblable. J’en ai écrit les dernières lignes au pied d’un glacier. Vous les lirez en riant auprès d’un bon feu d’automne, ou sur l’herbe printanière de notre baraque. George Sand. Du Gd St Bernard Juillet 1834 ». Les feuillets portent encore la marque des plis de leur envoi sous enveloppe à Buloz. Le manuscrit a servi pour l’impression, et porte les noms et les marques des typographes.
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