Lot n° 2

Laure PERMON, Duchesse d’ABRANTES. 1784-1838. Épouse du Général Junot, femme de lettres. 7 L.A.S. à Madame Victor Hugo, place Royale. (1832)-1838. 28 pp. in-8, adresses.

Estimation : 1 500 - 2 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Remarquable correspondance de la duchesse au moment où elle publie ses Mémoires. (1832) :
Elle accepte de participer à une œuvre alors que paraissent les 7e et 8e volumes de ses mémoires ; (…) mais qu’importe, j’ai une assez grande facilité de travail pour accepter une nouvelle charge dont j’espère me tirer tant bien que mal (…).
Elle donne ses disponibilités et se tient à disposition de M. Williams ; elle poursuit en confiant avoir mis en musique la poésie de Victor Hugo ; Je veux que vous soyez mon interprète auprès de Monsieur Victor Hugo. J’ai fait de la musique sur les immortelles Ballades et l’une des Orientales (…).

Plusieurs de ses vers admirables m’ont inspirés, à moi indigne, quelques notes plus ou moins bonnes. Mais elle n’ose lui écrire, moi qui depuis que je connais une ligne de M. Hugo me proclame hautement hugonienne, moi qui ne puis lire la colonne sans fondre en larme (…).
Elle apprend par Ladvocat qu’Hugo veut s’inspirer de quelques scènes puisées dans ses Mémoires, et elle s’en réjouit et lui voue son admiration…

─ Mardi septembre (1833) : longue lettre de 11 pages sur son amour pour JUNOT, leur « lune de miel » qui fut cinq années d’un bonheur comme celui du paradis ; après avoir passé une soirée dans l’intimité des Hugo, dont le ménage est en pleine crise, la duchesse veut ainsi se confier sur son expérience ; Vous avez une fille ; cette autre jolie enfant que j’ai laissé dans vos bras est aussi une fille. Ecoutez moi, pour toutes deux, elles auront même bonheur, même malheur, quelles tâchent de l’adoucir (…)
Vous aurez vu dans mes Mémoires que Junot m’a éprouvée, m’aimant avec idolâtrie moi, pauvre jeune fille n’ayant pour dot que quelques vertus filiales (…).
Elle évoque alors les tromperies de son mari, les souffrances atroces et la jalousie violente contre cette femme pour qui j’avais de la haine ; cependant elle ne cessa d’aimer et d’adorer Junot, malgré son cœur blessé. (…)
Je ne fais pas ici du Roman ; il n’existe pas une femme plus franche, plus naturelle que moi. Mon cœur est comme il était à vingt ans ; aussi vrai, aussi aimant, aussi religieux dans ses affections (…).
Pour corroborer ses Mémoires, elle envoie personnellement à Mme Hugo pour lecture, un volume de ses correspondances avec Junot en Espagne, qu’elle avait fait relier, et conclue : Répétez à votre fille que les bras de la femme soient toujours ouverts pour recevoir même le mari coupable (…)
Jouissez de tous les biens que cette providence du cœur a déversé sur vous en vous donnant pour maître et pour soutien l’homme le plus remarquable de notre Epoque (…).

─ Mars 1838 : invitation du couple Hugo, à une soirée musicale avec Panofka, Hertz et Rossi, pour les vents, le violon et le piano.

─ Mai 1838 : les invitant pour son lundi musical, en compagnie notamment de Mme Menessier et les encourageant ainsi : Ne vous laissez pas gagner de paresse par la soirée de M. de Custine (…).

Reprochant aux Hugo leur silence ; Monsieur Hugo m’oublie tout à fait. Je ne lui écris plus parce qu’il a certes bien autre chose à faire que de lire mes lettres (…).
La Duchesse lui dédie la musique qu’elle a faite sur La Fille d’Otaïty et à Hugo celle sur Le Pas d’armes du Roi Jean.

Victor Hugo l’oublie : Quant à votre mari, il ne veut avoir que la gloire pour amie. Peut-être a-t-il raison (…).
Elle annonce être « Patronesse des Polonais », ajoutant : dans d’autres temps et lorsque j’étais gouvernante de Paris, ma fortune était celle des pauvres de Paris (…).

▬ JOINT
• une pièce aut. signée de la Duchesse d’Abrantesse, comme quittance en recevant 125 fr à valoir sur le vol. 7 de ses Mémoires, des syndics de la faillite de Ladvocat (Paris, 17 juin 1832, 1 pp. in-8 oblong).
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