Lot n° 141
Sélection Bibliorare

[Montpensier (Duchesse de)]. Reflexions sur les huit beatitudes du sermon de Jesus-Christ sur la montagne. Ou sont renfermez tous les devoirs d'une ame Chrétienne, & qui peuvent servir de regle & de conduite pour tous les momens de la vie. Paris,...

Estimation : 12000 / 15000
Adjudication : Invendu
Description
Lambert Roulland, 1685. In-12, maroquin rouge, janséniste, petite fleur de lis dorée aux angles et répétée dans les entre-nerfs du dos, fermoirs en forme de fleur de lis de métal doré, doublure de maroquin rouge ornée d'une petite dentelle, tranches dorées (Reliure de l'époque). RARISSIME ÉDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE DE PIÉTÉ COMPOSÉ PAR ANNE MARIE LOUISE D'ORLÉANS, DUCHESSE DE MONTPENSIER, DITE LA GRANDE MADEMOISELLE. Elle est ornée d'un frontispice et 8 figures gravés sur cuivre, ici tirés sur vélin et enluminés. Malgré une seconde édition en 1688, cet ouvrage est demeuré quasiment inconnu jusqu'à une publication moderne par Emmanuel Rodocanachi, membre de l'Institut. Celui-ci, en consultant à Florence aux Archivi di Stato la correspondance des Résidents de France, avait découvert une lettre datée d'avril 1685 dans laquelle le Résident à Paris, Zipoli, annonçait au grand-duc de Toscane l'envoi par Mademoiselle de Montpensier, sa belle-sœur, d'un petit ouvrage sur les Huit Béatitudes qu'elle venait d'achever. Rodocanachi retrouva l'exemplaire dans les collections grand-ducales et en donna une réimpression en 1903. On peut s'étonner qu'une dame de son rang ait écrit un tel ouvrage de dévotion. Le fait s'explique par le caractère d'austérité, de régularité et d'ennui qui régnait à Versailles alors sous l'influence de Madame de Maintenon, qui avait épousé secrètement le roi deux ans auparavant. La mode était alors à des œuvres édifiantes ; surtout après la louange qu'avait retirée Madame de La Vallière de la publication de ses Réflexions, fait observer Emmanuel Rodocanachi. Mademoiselle ne faisait que se conformer à cette mode, tout comme elle avait sacrifié à l'engouement pour les petits romans à clefs (en écrivant la Relation de l'Isle Invisible ou l'Histoire de la Princesse de Paphlagonie), ou les portraits littéraires (en publiant en 1659 à 30 exemplaires ses Divers portraits). Le thème de l'ouvrage lui vint à l'esprit, nous dit-elle dans l'Avertissement, en entendant lire l'Évangile du jour de la Toussaint en 1684, c'est-à-dire le Sermon sur la montagne destiné aux gens du monde qui cherchent leur salut. L'ouvrage se veut un simple vade-mecum, un petit livre à mettre dans sa poche dans lequel, en toute circonstance, des personnes du monde et singulièrement de la Cour puissent trouver un conseil ou un secours, chacune des Huit Béatitudes correspondant à un caractère ou à un tempérament (^). Mademoiselle n'y montre pas un véritable progrès spirituel : elle est toujours la grande dame, sûre d'elle-même, fière de son rang, qui daigne donner quelques conseils pour avancer dans la vie dévote (Denise Mayer, « Deux ouvrages de piété de la grande Mademoiselle » in Bulletin du bibliophile, II, 1980). L'extrême rareté des Réflexions sur les Huit Béatitudes, dont on n'a guère découvert que l'exemplaire de Florence, celui de la BnF, et un exemplaire à Glasgow, pourrait inciter à penser à un tirage à très petit nombre d'exemplaires offerts en cadeau, tel celui-ci qui se présente en maroquin doublé et orné très austèrement de petites fleurs de lis, peut-être une allusion à la qualité de l'auteur. Mademoiselle de Montpensier écrira un second ouvrage de piété, Réflexions morales et chrétiennes sur le Premier Livre de l'Imitation de Jésus-Christ, qui paraîtra en 1694, soit un an après sa mort, à la suite d'une traduction nouvelle de l'Imitation dont le célèbre janséniste Nicolas Fontaine semble l'auteur. Cette circonstance explique probablement l'erreur de Barbier qui a attribué à Nicolas Fontaine les Réflexions de Mademoiselle de Montpensier. PRÉCIEUX EXEMPLAIRE RÉGLÉ, EN RELIURE DOUBLÉE DE L'ÉPOQUE ORNÉE DE FLEURS DE LIS, AVEC LES FIGURES TIRÉES SUR VÉLIN ET ENLUMINÉES , L'ENSEMBLE ÉXÉCUTÉ SELON TOUTE VRAISEMBLANCE POUR UN PERSONNAGE DE HAUTE LIGNÉE.Quelques éclats de peinture à trois figures, laissant apparaître les traits de la gravure.
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