Lot n° 425

CRAVAN (Arthur). Lettre autographe signée Albâtre Cravan, à un cher et grand ami, Port-aux-Basques, Sans date [été 1917].

Estimation : 3 000 / 4 000 €
Adjudication : 6 000 €
Description
4 pages in-8, chemise demi-maroquin noir.
De la plus insigne rareté.
Cette lettre appartient à la dernière période la vie d’Arthur Cravan, au cours de laquelle, fuyant la guerre, il était parti pour les Etats-Unis. Il voyageait alors énormément, et cette lettre est très précieuse pour connaître exactement tous ses déplacements.

Il donne d'abord son adresse à New York, puis annonce : Je vais à Terre-Neuve après avoir visité le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Ecosse — voyage d'agrément après avoir vu pas mal de villes aux Etats-Unis… et tous les patelins de la côte nord-est. Il pense partir pour le Labrador, et probablement un peu plus tard pour l'Amérique du Sud. New York est une chose étonnante et j'en suis venu à adorer cette ville… Il n'a pas oublié son correspondant : Ne pensez pas : il se fout de nous puisqu'il ne nous écrit pas… je compte beaucoup vous revoir… Sa situation ? Je me tire toujours d'affaire, comme vous et d'une manière souvent amusante. Je vous raconterai des histoires à mourir de rire au retour… Je me suis baigné ici mais ça ne sentait pas Tossa ! …Et la boxe ? je l'avais laissée dans un état de décomposition complète. Quelle rigolade quand j'y pense ! Ah, ces vieux Barcelonnais de mon cœur ! [le 23 mars 1916, aux arènes de Barcelone, Cravan avait été battu par K.O. par le champion noir Jack Johnson]. Il demande des nouvelles : … n'oubliez pas les potins. Renée [sa première femme] me dit qu'elle vous écrit régulièrement et je sais qu'elle vous aime beaucoup… Je viens de voir le Canada dont vous aviez si peur. Et nos rhapsodies hongroises ? Pourvu que vous ne soyez pas dans la purée ! ça me ferait beaucoup de peine de vous savoir dans la gêne. Vous étiez trop chic type, je vous l'ai toujours dit et l'Espagne offre si peu de ressources… Après lui avoir demandé de faire Câlin câlin à fifille, il signe : Albâtre Cravan.

Œuvres, éd. G. Lebovici, 1987, p. 154-155 (texte un peu fautif).
Les lettres d'Arthur Cravan sont de la plus insigne rareté.
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