Lot n° 70

Francis JAMMES (1868-1938). L.A.S., Orthez 9 octobre 1903, [à André Mary] ; 3 pages et demie sur 4 ff. petit in-4 soigneusement doublés et montés sur onglets, cartonnage (Ad. Lavaux).

Estimation : 300 / 400
Adjudication : 450 €
Description
Belle lettre sur Baudelaire, en réponse à la Méditation sur Charles Baudelaire d’André Mary publiée dans L’Ermitage d’octobre 1903.« Oui, j’aime passionnément Baudelaire comme vous le pensez ; je l’aime comme je déteste aujourd’hui Vigny. D’ailleurs, je ne prends votre méditation sur Baudelaire que pour un mélodieux poème en prose, ce qui en fait le charme et la vérité. Après dix-huit ans, je m’interroge. Des poètes, à chaque automne, sont tombés comme des glands, de l’admiration où je les tenais. Mais aujourd’hui comme alors, Baudelaire est sur ma table, éternel comme la beauté »... On leur a gâté Baudelaire, et Mary a raison de dire qu’il est l’homme de L’Invitation au voyage, plein de douceur mais de révolte, de passion mais de chasteté, même s’il donne peut-être « un peu trop de place au côté chasuble, défroque, poignard, squelette etc. », affectionné par des étudiants idiots qui « pensent qu’ils comprennent Baudelaire parce qu’ils mettent leur tabac dans une tête de mort et leur maîtresse sur un drap mortuaire. [...] Pauvre Baudelaire ! Qu’il fut simple et bon, et combien ce qu’il est convenu d’appeler son cabotinage n’était que ce droit à sourire […] Oui j’aime Baudelaire parce qu’il a su faire que je le plains de toute mon âme et parce qu’il comprit saintement la nature. Il n’est point de plus fraîches fontaines que celles qui se cachent »...Ex-libris Georges Gonot.
Partager