Lot n° 279

PAOLI (Pasquale). Lettre autographe signée à Francesco Saverio Frediani, commissaire du Gouvernement anglo-corse en Balagne. Rostino, 20 juillet 1794. 1 p. in-folio, adresse au verso.

Estimation : 6000 / 8000
Adjudication : 6000 €
Description
► Lettre concernant le siège de Calvi par les troupes anglo-corses de Nelson, Stuart et Paoli.

Profondément libéral, hostile au tour tyrannique et sanglant qu'avait pris la Révolution, Pasquale Paoli avait décidé de s'appuyer sur l'Angleterre pour libérer la Corse des Français.

Des contacts furent pris avec les Anglais, et l'amiral Hood dépêcha l'amiral Horatio Nelson en Corse pour chasser les garnisons françaises : Saint-Forent tomba en février 1794, Bastia en mai. Paoli appela dans le même temps à l'union avec le royaume britannique et une consulte réunie à Corte en juin 1794 confirma cet appel en demandant la constitution d'un royaume corse autonome dans le giron de la monarchie britannique, sur le modèle irlandais.
La dernière ville tenue par les révolutionnaires, Calvi, fut alors assiégée de juin à août 1794. Nelson, à qui un éclat d'obus fit perdit un œil le 12 juillet, œuvra pour cela en coordination avec le Général Charles Stuart (favorable à Paoli), avec le vice-roi de Corse, l'Écossais Gilbert Elliot (hostile à Paoli), et avec des troupes corses paolistes. Les forts de Calvi furent pris l'un après l'autre, dont le fort Mozello le 18 juillet, et la ville se rendit le 10 août après un terrible bombardement.

« Rispondendo alla vostra di ieri, devo confessarvi che mene trovo alquanto imbarazzato.
Non vi è dubbio che le nostre genti devono avere delle sofferenze ; ma queste sono inevitabili negli assedi ; ed i nostri devono considerarsi non come soldati a stipendio ma come cittadini disposti a tutto risicare per la lor patria ; e quindi non devono prendersi a cuore, se per essi non vi è tutto quel riguardo che vi è per la truppa inglese. Non so però comprendere la distinzione che soffrono nei soccorsi che si prestano alle genti di guerra in campagna senza differenza di nazione a nazione.

Se non vogliono dar le mule per trasportare i nostri ammalati fatele commandare nei villaggi. In quanto alle paghe degli officiali, io non potrei provvedervi senza farne inteso il popolo, perché mi somministri i mezzi, ed in tal caso potrebbersi anche pensare per la sussistenza de' soldati. Sarà costì il cavaliere Elliot. Potreste farglene parola ; e, se vi pare, potreste farne inteso anche l'ammiraglio ; ma prima di ogni altro parlatene col generale Stuart, perché io possa regolarmi e prender delle misure di sua sodisfazione. Ne ho scritto a Giampietri, il quale probabilmente farà vedere la mia lettera al generale Stuart, perché risguarda voi, Pietriconi, le paghe degli officialo, lo spedale, e molti alteri oggetti importanti. L'abbate Sivori vi parlerà di un certo Maraninchi, perché cosi gli o scritto. Guardate a prender delle misure efficaci sopra di lui... L'assalto del Mozzello non potea essere pericoloso, ma solamente di strepito mi spiacerebbe che li nostri non fossero stati commandati a tale serviso. »

Traduction :
« En répondant à votre lettre d'hier, je dois vous avouer que je m'en trouve quelque peu embarrassé.
Il n'y a pas de doute que nos gens doivent endurer des souffrances ; mais celles-ci sont inévitables dans les sièges ; et les nôtres doivent se considérer non comme des soldats aux gages mais comme des citoyens disposés à tout risquer pour leur patrie ; et donc ils ne doivent pas s'offenser s'il n'y a pas pour eux tout les égards qu'il y a pour la troupe anglaise. Je ne comprends pas, en revanche, la distinction dont ils souffrent dans les secours, qui se portent aux gens de guerre en campagne sans différence de nation à nation.

S'ils ne veulent pas donner les mules pour transporter nos malades, faites-les commander dans les villages. Quant aux paies des officiers, je ne pourrais vous les procurer sans en faire part au peuple, pour qu'il m'en indique les moyens, et en tel cas ils pourraient aussi penser à la subsistance des soldats.

Le chevalier ELLIOT sera là. Vous pourriez lui en toucher un mot ; et, si bon vous semble, vous pourriez en faire part aussi à l'Amiral [Nelson] ; mais avant toute chose, parlez-en avec le Général STUART, pour que je puisse régler ma conduite et prendre des mesures à sa satisfaction. J'en ai écrit à Giampietri [Gian Pasquino Giampietri, colonel corse paoliste], lequel fera probablement voir ma lettre au général Stuart, parce qu'elle vous concerne, Pietriconi [Balthassar Petriconi, que Gilbert Elliott a nommé lieutenant-colonel et pris comme aide de camp], les paies des officiers, l'hôpital, et beaucoup d'autres sujets importants. L'abbé Sivori [ancien maire de Calvi, paoliste et député à la consulte de Corte en juin 1793] vous parlera d'un certain Maraninchi, parce que je lui ai écrit de le faire. Veillez à prendre des mesures efficaces à son égard.

L'assaut du Mozello ne pouvait être dangereux mais seulement du vacarme ; cela me déplairait qu'un tel service n'eût pas été commandé aux nôtres. »
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