Première édition illustrée : tirage à 130 exemplaires sur papier vélin d'Arches.
Le numéro 1 des 6 exemplaires de tête.
Il est enrichi d'une suite des illustrations sur papier de Chine, une suite sur papier nacré du Japon, la décomposition des couleurs d'une illustration, l'élément d'une illustration tiré en noir rehaussé à la gouache par l'artiste et un bois gravé double page ayant servi à illustrer cet ouvrage. Dans l'exemplaire, l'illustration tirée en noir et gouachée est une double page et le bois gravé à double page est également entièrement gouaché.
Merveilleux livre illustré par Miró de 80 compositions gravées sur bois en noir et en couleur: “One of the most original and beautiful books of the century” (Riva Castleman).
Du projet à la fin de l'impression, il s'est écoulé onze années. (La gestation du livre a été un temps interrompue par la mort de Paul Éluard le 18 novembre 1952.) “À toute épreuve est un livre d'exception. Même si l'on peut lui préférer la rigueur de Parler seul, il manifeste une telle liberté, tant d'inventions, sans aucun temps mort, c'est un tel plaisir de le parcourir [...] qu'on pardonne à Miró d'avoir donné à ces poèmes, dont certains sont comparables par leur brièveté à des haïkus, une visibilité si différente de celle de l'édition originale: nettement plus grande, tout en étant rendue presque trop discrète dans le déploiement de formes et de signes que la gravure sur bois a favorisé” (Antoine Coron).
Miró écrivait à l'éditeur en décembre 1949 : “Nous allons faire un livre sensationnel et [...] vous pourrez vous vanter d'avoir édité un des plus beaux livres de l'époque” - ce qu'il est, assurément.
Vingt ans plus tard, écrit encore Antoine Coron, Miró “attribuait à ce livre, dans son oeuvre, une importance «capitale », allant jusqu'à écrire à Cramer, le 17 octobre 1979: C'est avec toi que j'ai commencé ma carrière d' illustrateur.”
On joint 77 bons à tirer signés et annotés de Miró, dont la couverture: ils sont montés sur des doubles feuillets formant une maquette de l'ouvrage.
Les bons à tirer sont datés du 10 mai 1951 au 26 juin 1956. Il manque un double feuillet à la fin comprenant le titre et le début du poème Amoureuses avec trois gravures.
Les bons à tirer sont parfois accompagnés de notes de la main du peintre demandant des modifications typographiques, s'interrogeant sur la qualité du papier pour les collages (“obtenir plus de matière”; “choisir qualité du papier”; “mettre papier auvergne”) ou alertant sur la qualité des couleurs: “étoile couleur plus lumineuse”, “les traits bleus sont un peu lourds”, etc.
Ensemble unique.
(Cramer, Joan Miró, les livres illustrés, n° 49.- Coron, De Goya à Max Ernst, Livres illustrés de la bibliothèque R.M., nº 68.- Castleman, A Century of Artists Books, p. 101: la bibliographe souligne “the truly exuberant embellishments that dance on the pages of this perfectly produced book.”)