Lot n° 317
Sélection Bibliorare

HUGO Victor [Besançon, 1802 Paris, 1885], poète et écrivain français Lettre autographe, signée «Victor Hugo», adressée à Eugène Pelletan. «Hauteville house 15 janvier» [1863 ?]; 3 pages in-12.

Estimation : 1 500 - 3 000 EUR
Adjudication : 1 400 €
Description

Lettre autographe, signée «Victor Hugo», adressée à Eugène Pelletan. «Hauteville house 15 janvier» [1863 ?]; 3 pages in-12.

En décembre 1861, Eugène Pelletan comparut pour délit de presse devant la 10e chambre correctionnelle, il fut condamné à une peine de 3 mois de prison, qu'il accomplit dans le «pavillon des princes» de Ste Pélagie.

«Cher philosophe, toute mon âme est à vous quand je vous lis. Cet extrait des Fêtes de l'intelligence qu'un journal m'apporte, est une émouvante et profonde page. C'est une sorte de tableau double où je suis et où vous êtes. J'y vois ma figure et votre regard. Je me ses étroitement uni à vous. Nos deux esprits se pénètrent; nos deux coeurs aussi. Pourquoi mon exil n'est-il pas la prison, quand vous y êtes ?
Pourquoi votre prison n'est-elle pas l'exil quand j'y suis ? Que de choses douces et bonnes nous nous dirions entre les quatre murs de Ste
Pélagie que vous avez habités, ou encore entre les deux infinis du ciel et de la mer que j'habite. Quelle volupté que les mélanges austères des pensées fortes ! J'ai lu votre Babylone [La Nouvelle Babylone. Lettres d'un Provincial paru en 1862] applaudissant à chaque page. M.
Lacroix vous a dit sans doute qu'à Bruxelles je lui prêchais sans cesse un livre de vous. Un roman de vous, résumant dans une idée humaine et sociale, toute votre puissance actuelle, aurait j'en suis certain, un resplendissant succès. Il vient en mémoire à un écrivain comme vous est un des besoins de son époque. Vous [...] êtes lumière. Que deviendrait, sans les hommes comme vous, ce triste monde cruel qui a deux pôles, le crime et le vice, et où la matière fait la nuit. Je me laisse aller à causer avec vous comme je causerais avec Platon. Mais avec Platon vaillant. Donc sérénité intrépide en face des persécutions de toute sorte est un des beaux spectacles de ce temps.
À bientôt n'est-ce pas ? ou ? Partout. J'ai l'espérance de vous serrer bientôt la main. Je n'ai plus assez de place pour vous dire combien je vous aime. Victor Hugo.»
Il rajoute en travers des deux pages: «Vos admirables pages ont été lues en famille à cette table de Hauteville house, où j'espère vous viendrez un jour prendre place entre les fils et le père, comme le frère de l'un, et des autres aussi.»

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