Lot n° 135

LISZT (Franz). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE A HECTOR BERLIOZ, datée 3 janvier 1849, 6 pages in-8 (205 x 129 mm), sous …

Estimation : 4 000 - 6 000 EUR
Adjudication : 11 050 €
Description

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE A HECTOR BERLIOZ, datée 3 janvier 1849, 6 pages in-8 (205 x 129 mm), sous chemise demi-maroquin rouge moderne.

LONGUE ET SUPERBE LETTRE A BERLIOZ ÉVOQUANT SA FERVENTE ADMIRATION POUR WAGNER ET LES TURBULENCES DE SA VIE AMOUREUSE.

Écrite de Weimar, où Liszt est maître de chapelle du théâtre de la cour grand-ducale depuis près d'un an, cette lettre est un précieux témoignage de l'amitié et du culte qu'il voue à Wagner. Il annonce à Berlioz, qu'il a laissé sans nouvelles depuis longtemps, qu'il dirigera prochainement Tannhäuser. Il lui recommande vivement cette grande partition et tout particulièrement l'ouverture qu'il a récemment transcrite pour piano. Quelques semaines plus tard, le 16 février 1849, Liszt dirigera l'opéra de Wagner. Ce sera la deuxième représentation de l'œuvre créée à Dresde le 19 octobre 1845.

Se dessine ici en filigrane la “propagande wagnérienne”, dont Liszt se fera le héraut le plus zélé, et s'affirme la filiation Liszt-Berlioz-Wagner si féconde pour l'histoire de la musique.
Enfin, c'est à l'ami que Liszt confie les difficultés que rencontre son projet de mariage avec la princesse Carolyne de Sayn-Wittgenstein, qu'il n'épousera finalement jamais.

Ta dernière lettre est venu [sic] me trouver au milieu des préoccupations les plus graves, des circonstances les plus troublées [...] ton souvenir m'allait droit au cœur. Depuis 7 mois je n'ai point quitté Weymar, où je compte encore passer tout l'hiver [...] Le mois prochain nous représenterons le dernier opéra de Wagner “Tannhäuser”. C'est une grande partition dont je te recommande en particulier l'ouverture, où tu auras le plaisir de retrouver de ton bien, notamment dans les effets de violons en trémolos aigus. Somme toute, cette ouverture est le morceau de musique qui m'a fait la plus forte impression depuis Prague; et si tu as l'occasion de la faire exécuter à quelque concert monstre de la République, je suis persuadé qu'elle ne manquera pas son effet. Il importe seulement de faire répéter avec beaucoup de soin.

Il évoque ensuite Alfonso et Estrella de Schubert qu'il projette de mettre en scène et qui finalement ne sera représenté à Weimar qu'en 1854: le libretto est malheureusement de l'innocence la plus perfide, de l'ennui le plus suintant et le plus corrosif [...] tout l'ouvrage (en 3 longs actes) est écrit de ce beau style limpide et blond dont Mozart a donné de si complets modèles.
Il rappelle à Berlioz qu'il attend toutes ses partitions imprimées qu'il lui prie de remettre à Belloni, son secrétaire, et l'été prochain, j'espère que le singulier Drame-Roman de ma vie sera arrivé à son dénouement par un mariage. Les énormités complexes d'une lâche et infâme ligue de famille à laquelle le peu de bienveillance personnelle de S. M. l'Empereur pour moi, vient en plus s'ajouter, peut sans doute retarder encore la conclusion que j'appelle de tous les vœux de mon âme.

Berlioz, Correspondance générale, éd. H. MacDonald, t. VII, p. 286-287.

Pliures et traces d'onglets.

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