Lot n° 108

VERLAINE Paul (1844-1896) — Lettre autographe signée adressée à Madame SOULEY-DARQUE — Paris, Hôpital Cochin, salle Woillez, service du docteur Beaumetz, lit 25, 27 juin 1890. — 3 pages in-12 sur un demi-feuillet de papier d'hôpital au...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : Invendu
Description
crayon, adresse à l'encre «Madame Souley-Darqué/8 villa Michel Ange / Auteuil».
«Chère Madame, Je suis entré ici le lendemain même du jour où j'ai eu l'honneur et le plaisir de vous voir, c'est-à-dire jeudi de l'autre semaine. Je suis salle Woilly, lit n°29 service du Dr Meaumetz, pour combien de temps ? Cela va dépendre un peu de ma santé et beaucoup, beaucoup de Savine mon nouvel éditeur qui me doit plus de 300 francs. S'il tient ses engagements, me voilà sauvé, (car je suis en veine de travail), et ce par mes propres efforts, - ce qui vaut mieux que tous les protecteurs et souscriptions de la terre ! Avez-vous l'adresse de Mme Soulé et savez-vous si Madame Trébuchon est de retour à Paris. Ces dames ont été si aimables pour moi, véritablement, que je leur dois des excuses pour mille inexactitudes involontaires et que je suis prêt à toutes les amendes honorables du monde. Quand vous verrez l'une ou l'autre, transmettez-leur mon meilleur souvenir et ma promesse d'une visite en vue d'être pardonné. J'ai vu M. Colombier et lui ai parlé. Je ne doute pas que grâce à lui et en le demandant d'abord vous ne puissiez entrer dans l'hôpital triomphalement, un jour autre que le jeudi ou le dimanche, - jours d'encombrement où l'on ne peut causer sérieusement, - et rester tant que vous voudrez, sans vous préoccuper de l'heure à laquelle entrer ou sortir - et j'attends votre bonne visite. [...]».
La lettre est envoyée durant le court et unique séjour que Verlaine fit à Cochin du 19 juin au 22 juillet 1890. Poussé par la maladie, mais surtout par la misère, il effectua de multiples autres stations dans divers hôpitaux parisiens, en particulier à Broussais durant les dix dernières années de sa vie, de 1886 à 1895. Pendant cette période divers bienfaiteurs se mobilisèrent pour lui fournir de meilleurs asiles et des conditions de vie moins précaires.
Il est probable que la destinatrice de cette lettre faisait partie de ses soutiens. Il est ici question de Raymond Maygrier pour lequel Verlaine composa un amusant poème publié dans Le Chat Noir en décembre 1890 puis dans l'édition augmentée de Dédicaces. Raymond Maygrier avait habité à l'hôtel de Lisbonne en même temps que Verlaine en 1889, soit quelques mois avant cette lettre.
Le nom de Gabriel Echaupre est également cité. Verlaine lui consacre un sonnet dans Dédicaces rendant hommage à ce journaliste républicain qui écrivait dans le journal Tradition.

Signed autograph letter addressed to Madame SOULEY-DARQUE Paris, Hôpital Cochin, salle Woillez, service of Doctor Beaumetz, bed 25, 27 June 1890. 3 pages in-12 on half a sheet of hospital paper in pencil, address in ink "Madame Souley-Darqué/8 villa Michel Ange / Auteuil". "Dear Madam, I entered here the very day after I had the honour and pleasure of seeing you, that is to say Thursday of the other week. I am in Salle Woilly, bed n°29 service of Dr. Meaumetz, for how long? That will depend a little on my health and a lot, a lot on Savine, my new publisher who owes me more than 300 francs. If he keeps his commitments, I am saved, (for I am in a working vein), and this by my own efforts, - which is better than all the protectors and subscribers on earth! Do you have the address of Mrs. Soulé and do you know if Madame Trébuchon is back in Paris. These ladies have been so kind to me, truly, that I owe them an apology for a thousand unintentional inaccuracies and I am prepared to pay all the honourable fines in the world. When you see either of them, please pass on to them my best memory and my promise of a visit to be forgiven. I saw Mr. Colombier and spoke to him. I have no doubt that thanks to him and by asking him first you will be able to enter the hospital triumphantly, on a day other than Thursday or Sunday, - congested days when you cannot cause serious trouble, - and stay as long as you like, without worrying about what time to enter or leave - and I await your good visit. [...]». The letter is sent during Verlaine's short and unique stay in Cochin from June 19 to July 22, 1890. Driven by illness, but above all by poverty, he carried out many other stations in various Parisian hospitals, especially at Broussais during the last ten years of his life, from 1886 to 1895. During this period various benefactors mobilized to provide him with better asylums and less precarious living conditions. It is likely that the addressee of this letter was one of his supporters. It is about Raymond Maygrier, for whom Verlaine composed an amusing poem published in Le Chat Noir in December 1890 and then in the expanded edition of Dédicaces. Raymond Maygrier had lived in the Lisbon hotel at the same time as Verlaine in 1889, a few months before this letter. The name Gabriel Echaupre is also mentioned. Verlaine dedicates a sonnet to him in Dédicaces paying homage to this republican journalist who wrote in the newspaper Tradition.
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