Lot n° 1211

TCHAIKOVSKY Piotr Ilitch (1840-1893). — L.A.S. « P. Tchaikovski », Kamenka 3/15 juillet 1881, à Eduard Frantsevich NÁPRAVNIK ; 4 pages petit in-8 à son chiffre, enveloppe avec timbre ; en russe.

Estimation : 8 000 - 10 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Très belle lettre sur son travail sur les chants religieux russes et la composition de ses Vêpres.

[Eduard NÁPRAVNIK (1839-1916), d’origine tchèque, fut longtemps le chef d’orchestre du théâtre Mariinsky à Saint-Petersbourg, ainsi que des concerts de la Société musicale russe, et un ami proche de Tchaikovsky, dont il créa de nombreux ouvrages.]
« J’ai reçu aujourd’hui votre lettre gentille, chaleureuse et encourageante, et je vous suis indiciblement reconnaissant de votre amicale préoccupation à mon sujet. Vous avez tout à fait raison de dire que si mon apathie à l’égard de la composition est temporaire, cette pause me sera bénéfique. Je continuerai donc d’espérer que mon désir d’écrire de la musique me reviendra, et dans mon prochain opéra [Mazeppa] je tâcherai de profiter de tous les points appris lors de mes tentatives antérieures. Mais pour l’instant je me repose encore, et ce n’est que peu à peu que je m’occupe de l’étude de nos hymnes d’église anciens, et je m’efforce de les adapter pour chœur à quatre voix. Le résultat de ce travail sera les Vêpres [op. 52], par lesquelles j’aimerais contribuer, aussi peu que ce soit, au dépouillement de notre musique d’église, qui a été dénaturée par les éditions banales et sans talent de la Chapelle [impériale]. Dans ce domaine il y aurait fort à faire par les compositeurs russes, si seulement la Chapelle et M. Bakhmetyev [directeur de la Chapelle] n’essayaient pas de s’en mêler de toutes les manières possibles.
Eduard Frantsevich ! Est-il vrai que Khuyster et son terrible Lukashevich vont rester à la barre de l’administration des théâtres ? Si oui, alors il y a de bonnes raisons de se désespérer.
Il est très probable que je me rendrai à Prague, si mon opéra [La Pucelle d’Orléans] y est monté, quoique je m’inquiète d’avance à la pensée que je devrai être sous les feux de la rampe et démontrer ma totale inaptitude à être utile à la production.
J’espère que vous profitez de l’interruption de vos tâches habituelles, pour composer. De tout cœur je vous souhaite du succès dans votre travail et dans toutes vos entreprises. Que vous soyez béni, mon cher ami »...
[La Pucelle d’Orléans ne sera finalement donnée à Prague que l’été suivant, en juillet 1882, et Tchaikosvky ne s’y rendra pas.]

Texte original russe (et traduction anglaise) : http://en.tchaikovsky-research.net/pages/Letter_1801
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