Lot n° 29

MAURRAS (Charles) — Manuscrit autographe signé d'un essai intitulé « Ma Piété d'Arles ». Riom, 1945. 31 pp. in-4 sur ff. quadrillés de cahier d'écolier, ajouts et corrections (notamment une longue citation de Mistral sup

Estimation : 400 - 600 €
Description
Hommage à sa Provence natale. Maurras avait écrit un ouvrage sur la Provence, qu'il ne put faire paraître en librairie de son vivant. Cet ouvrage devait s'intituler « Delphes en Provence », en référence au fait que, selon Maurras, sa ville natale Martigues tenait en Provence une place centrale comparable à celle que Delphes occupait dans la Grèce antique. Il expliquait : « Martigues est en effet bâtie à égale distance des trois points cardinaux de la voie historique de ma Provence, qui sont : Aix, Arles, Marseille... » (cité par Roger Joseph et Jean Forges dans Nouvelle bibliographie de Charles Maurras, Aix-en-Provence, L'Art de voir, 1980, vol. I, p. 264). Il avait donc articulé son étude en quatre parties, la première sur Aix (publiée après sa mort dans Aspects de la France, en 1955), la seconde sur Marseille (publiée en articles dans L'Action française en 1943 et 1944), la troisième et présente sur Arles, et enfin une conclusion sur Martigues. « Arles est l'un des deux ou trois seuils de la civilisation sur notre rivage. Arles, la belle Grecque, aux yeux de sarrasine, est aussi une Romaine accomplie ; fille de Constantin, elle ouvrit au monde classique, au monde apostolique, son fleuve, ses vaisseaux, ses temples, ses palais, comme ses tombeaux, et elle a toujours rejeté à temps tous les barbares : sa bataille des Alyscamps en soit le témoin immortel ! Plus tard, beaucoup plus tard, il est vrai, mais enfin de là et non d'ailleurs, s'élevèrent, trophées ou vestiges de l'âme antique, "vrais écoliers du grand Homère", les chants mistraliens, sauveurs, ranimateurs. En Arle au tems di fado / Flourissiè, " En Arles au temps des fées / florissait..."... C'est qu'Arles me tient de beaucoup trop près, de si près que je ne saurais dire quand ni comment j'y aurais pénétré pour la première fois. Et qui sait si je n'ai pas vu Arles quelque vingt cinq ans avant d'être né, par les yeux qui furent mes yeux quand n'étaient point ouverts ceux par lesquels se comptent mes jours aujourd'hui. Mes compagnons les plus intimes n'ont peut-être pas oublié ce qu'il m'est arrivé de leur confier sur le don d'évocation qui était particulier à ma pauvre mère, la secrète vertu d'illumination passionnée qui faisait apparaître, comme sur l'écran, l'objet, couleur, figure, de ses moindres propos. Ce qu'elle disait, je le voyais et le touchais... »
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