Lot n° 6

BAUDELAIRE (Charles) — CARJAT (Étienne). Portrait photographique. Cliché en 1861 ou 1862. Tirage avant 1866, en médaillon sur papier albuminé (25,1 x 18,5 cm), contrecollé sur carton (31,8 x 24,9). Timbre humide « et. carja

Estimation : 8000 - 10000 €
Adjudication : 15 000 €
Description
Le chef-d'œuvre d'Étienne Carjat.
Ami du poète, le photographe était par ailleurs caricaturiste et directeur de périodiques, et accueillit des textes de lui dans son hebdomadaire Le Boulevard. Surtout, il laissa de Charles Baudelaire de magnifiques portraits photographiques, pris au cours de trois séances, à la fin de 1861 ou au début de 1862, en 1863 et en 1866. Lors de la première séance, Étienne Carjat prit trois clichés différents, où Charles Baudelaire apparaît dans trois poses successives : debout, assis, et, comme ici, en buste — le plus intense avec son cadrage rapproché dramatique. Ces portraits firent l'objet d'une annonce publicitaire de mise en vente publiée dans Le Boulevard du 12 janvier 1862.
Probablement l'unique tirage d'époque conservé dans ce grand format.
Le timbre à l'adresse de la rue Laffitte permet de situer ce tirage entre le moment où fut pris le cliché, et celui où Étienne Carjat déménagea rue Pigalle en 1866. Il installa en effet son premier studio au n° 56 de la rue Laffitte à Paris, en 1861, mais, faisant face à des ennuis d'argent et à des disputes avec ses associés Georges-Mathurin Legé et Sosthène Bergeron-Danguy, il fut contraint de leur vendre en 1866 son atelier et son fond. Legé et Bergeron utilisèrent alors un timbre sec conservant le nom de Carjat mais avec les leurs ajoutés.
Le présent tirage albuminé d'époque s'avère donc infiniment plus rare que celui en photoglyptie publié postérieurement dans la série Galerie contemporaine, en 1878.
Le poète prenait ici la pose au moment où il présentait sa candidature à l'Académie française.
Le précieux exemplaire de la mère de Charles Baudelaire, Caroline Dufaÿs puis Baudelaire puis Aupick (1794-1871), avec qui le poète entretint des relations souvent houleuses, mais passionnelles et en tous les cas étroites jusqu'à la fin.
Provenance : Félicité Baudelaire, née Ducessois (1812-1902), veuve du demi-frère de Charles Baudelaire, Alphonse (1805-1862). Charles Baudelaire, qui la critiqua sur le tard, fit mine de la courtiser dans ses jeunes années pour agacer Alphonse, et lui marqua ensuite longtemps de la sympathie. Elle reçut une partie des biens de Caroline Aupick en 1871, et les souvenirs baudelairiens qui s'y trouvaient passèrent ensuite entre les mains des enfants de son frère Félix Ducessois (1826-1897) — Félicité n'ayant pas eu d'enfant.
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