Lot n° 200
Sélection Bibliorare

[MANUSCRIT] — Campagne de 1813 au retour de l'expédition de Moscow. — S.l., s.d., (1813), in-12, [13] ff. n. ch., couverts d'une écriture moyenne et lisible (environ 20/25 lignes par page), 2 ff. vierges, en feuilles.

Estimation : 1500 - 1800
Adjudication : Invendu
Description
Le manuscrit inédit d'un commissaire des guerres.

Commencé le 12 février 1813 et terminé abruptement (la suite n'a jamais été composée) le 29 mai suivant, ce petit manuscrit est vraisemblablement l'oeuvre d'un commissaire : appartenant au 2e Corps d'Armée, revenu de Russie, il prend ses ordres le 12 février à Berlin auprès de Jean-Joseph-Prix Deschamps (1772-1856), qui était effectivement commissaire-ordonnateur des guerres pour le 2e corps, sous les ordres du Maréchal Victor, Duc de Bellune, et avec lequel les relations de l'auteur semblent avoir été détestables (cf. les anecdotes de la fin du récit sur les mauvais procédés de Deschamps).

Le texte relate essentiellement les itinéraires de l'auteur à travers le Brandebourg et les principautés saxonnes au gré des déplacements du 2e corps, puis, à partir du début mai, sous la contrainte d'une maladie de l'auteur : de Berlin à Potsdam, puis à Magdebourg, à Erfurt, à Weimar, à Halle, Nauenburg, Calbe, Stendal, Bernburg, Stassfurt, Löbnitz, Dessau, Wittenberg, etc. Le contenu est très peu militaire : les détails de l'hébergement, de la nourriture servie et des vins, les monuments les plus remarquables de chaque localité forment l'essentiel de la narration. C'est seulement à la fin du texte, à partir du 20 mai, que l'actualité militaire fait irruption avec les batailles victorieuses livrées autour de Bautzen, et la poursuite des troupes alliées qui s'ensuivit (20-24 mai). La réalité de la guerre et de ses atrocités se révèle alors, à travers des anecdotes qui ne semblent guère inventées, comme celle-ci : "Une quinzaine de mutilés enfermés dans une grange, las de souffrir sans secours, eurent l'enragé courage d'y mettre le feu & de s'y brûler, quelques instants avant notre arrivée."

Tout cela se termine brusquement au milieu des marches, et au matin du 29 mai, date du départ pour Prinknau : après la mention de son hébergement, l'auteur termine par une phrase inachevée ("Séjour qui me ...") ; la suite n'est pas perdue, elle n'a jamais été écrite (la page et les feuillets suivants sont du même tenant et vierges), sans que l'on puisse établir pour quelle raison.
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