Lot n° 4
Sélection Bibliorare

CÉLINE (Louis-Ferdinand) — Voyage au bout de la nuit.

Estimation : 20000 - 30000 €
Adjudication : 35 000 €
Description
Paris, Éditions Denoël et Steele, 1932. In-16, 623 [dont les 2 premières blanches)-(1) pp., maroquin noir, dos lisse ornée d'une bande de points dorés avec titre doré agrémenté de deux pièces de cuir vert mosaïquées, bande de galuchat noir encadrée de deux bandes de points dorés sur les plats, doublures et gardes de papier noir à motifs géométriques dorés, couvertures et dos conservés, tête dorée, étui bordé ; légère déteinte aux marges du galuchat, étui avec infime accroc (A. Cerutti).

ÉDITION ORIGINALE, UN DES QUELQUES EXEMPLAIRES SUR ALFA, le n° II hors commerce numéroté à la plume. Le tirage de tête sur grands papiers comprend d'une part 20 exemplaires sur vergé d'Arches dont 10 nominatifs non mentionnés à la justification, et d'autre part un peu plus de 100 exemplaires sur alfa, soit 100 numérotés et quelques hors-commerce dont certains nominatifs non mentionnés à la justification (Jean-Pierre Dauphin et Pascal Fouché, 32A1).

ENVOI AUTOGRAPHE SIGNE : « À Jean Tardieu. Bien amicalement et meilleure chance ! ""Denoël 43"" LFCéline » Le destinataire est-il le poète de ce nom ? Céline dédicacerait également Casse-pipe à la même personne, en 1949.

EXEMPLAIRE ENRICHI D'UN MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE CÉLINE, LA CELEBRE EPIGRAPHE DE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, ayant inspiré son titre (1/3 p. in-folio, quelques rousseurs et traces de rouille).
NOTRE VIE EST UN VOYAGE
DANS L'HIVER ET DANS LA NUIT
Nous cherchons notre passage
Dans le Ciel où rien ne luit.
Chanson des Gardes-Suisses. 1793 »
Même si Henri Mahé, dans son recueil de souvenirs La Brinquebale avec Céline, donne cette chanson comme entièrement inventée, sur la foi, dit-il, d'un aveu de Céline, il s'agit en fait du « Chant de la Bérézina », à la longue histoire. Ce « chant » remonte à un lied allemand du poète Ludwig Giseke (1756-1832), qu'un officier des troupes suisses de la Grande Armée en Russie, le lieutenant Legler, aurait entonné devant ses hommes pour leur donner du courage avant la bataille de la Bérézina en novembre 1812 : « [...] Unser Leben gleicht der Reise / Eines Wandrers in der Nacht [...] » (« Notre vie ressemble au voyage de qui erre dans la nuit [...] »). Pendant la Première Guerre mondiale, l'écrivain suisse Gonzague de Reynold s'inspira librement de ce lied et composa en français son propre « Chant de la Bérézina », qu'il publia dans une brochure intitulée La Gloire qui chante. Il l'intégra en 1919 dans un « poème dramatique » intitulé comme la brochure, qu'il publia cette même année 1919 puis réédita en... 1932 (cf. Jean Dubois, « Le Chant de la Bérézina : 28 novembre 1812 », Revue militaire suisse, Lausanne, 1978, n° 123-3).
En indiquant ici la date de 1793, Céline rattache cette chanson à la période de la Terreur révolutionnaire, donc à l'histoire tragique du massacre des Gardes suisses aux Tuileries lors de la journée révolutionnaire du 10 août 1792.
Le présent manuscrit a été reproduit dans l'Album Céline (p. 94, n° 154).

SUPERBE RELIURE SIGNEE D'ANTOINETTE CERUTTI.

Provenance : Jean Tardieu (vignette ex-libris).
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