Lot n° 76
Sélection Bibliorare

MOLIÈRE — Œuvres. Nouvelle édition. Paris, [Pierre Prault],

Estimation : 30000 - 40000 €
Adjudication : 35 000 €
Description
1734. 6 volumes in-4, maroquin citron, triple filet doré, armoiries au centre, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Reliure de l'époque).« Le chef-d'œuvre de Boucher, comme illustration ; c’est l’un des plus beaux livres de la première partie du xviiie siècle » (Cohen).
Célèbre édition des œuvres de Molière recherchée pour sa superbe illustration, composée d’un portrait de Molière gravé par Lépicié d'après le tableau de Coypel, de 33 figures hors texte de François Boucher gravées à l'eau-forte par Laurent Cars, un fleuron de titre et 198 vignettes et culs-de-lampe, dont plusieurs répétés, dessinés par Boucher, Blondel et Oppenord et gravés par Joullain et Cars.
Exemplaire de premier tirage, avec la faute au mot « Comtesse » au sixième tome (p. 360). Le quatrième tome réunit les deux états du carton du Sicilien : l’état corrigé est relié à sa place, aux pp. 131-134, et l'état fautif à la fin du volume, entre les pp. 418 et 419.
Très précieux exemplaire de Madame Sophie relié en maroquin citron à ses armes.
La princesse Sophie de France (1734-1782), la sixième fille de Louis XV et de Marie Leszczynska, possédait une bibliothèque d'ouvrages de dévotion et d'histoire dont elle avait, comme ses sœurs aînées Adélaïde et Victoire, confié à Pierre Vente et Jean-Henri Fournier l'exécution des reliures. Ses livres ne se distinguaient de ceux de ses sœurs que par la couleur de leur reliure, Adélaïde ayant adopté le maroquin rouge, Victoire le maroquin vert et Sophie le maroquin citron. « Madame Sophie ayant légué une partie de sa bibliothèque à la marquise de La Porte de Riants, née Colbert de Croissy, ses livres sont devenus plus rares que ceux de ses sœurs », note Quentin-Bauchart. Le catalogue manuscrit de sa bibliothèque, rédigé vers 1778, a figuré à la vente Libri de 1859.
La rareté des exemplaires du Molière de Boucher en maroquin aux armes est bien connue. Cohen n'en cite que trois en mains privées et bien peu ont été découverts depuis lors ; de tous, celui-ci est assurément le plus prestigieux. L'exemplaire de Madame Adélaïde, cité par Cohen, est aujourd'hui conservé à la bibliothèque de Versailles et l'on ignore si Madame Victoire en possédait un.
Le troisième volume porte sur le second plat trois lignes manuscrites anciennement attribuées à Stanislas Leszczynski (1677-1766), ex-roi de Pologne, duc de Lorraine et grand-père maternel de Madame Sophie : « Je vous aime ma chère graille de tout mon cœur », suivies d’une signature biffée. Cette attribution, proposée par Quentin-Bauchart, repose sur le surnom de « graille », ancien nom de la corneille que Louis XV donnait affectueusement à sa fille Sophie ; toutefois l'inscription est aujourd'hui considérée comme d'une autre main.
L'exemplaire est cité par Quentin Bauchart, qui le localisait, en 1886, dans la bibliothèque du marquis de Certaines au château de Villemolin, dans la Nièvre.
De la bibliothèque du vicomte Couppel du Lude (2009, n°107), exceptionnelle collection réunie par l'industriel Pierre Foullon des années 1920 à 1965 et léguée à son filleul Jacques Couppel du Lude (1918-2008).
Les cahiers N et O (pp. 97-112) du tome III n’ont pas été reliés dans l’exemplaire et manquent ; on a joint ceux d’un autre exemplaire dans un volume à part, relié en maroquin abricot moderne. Quelques coins et mors finement restaurés, quelques rousseurs éparses et des feuillets uniformément roussis. Le faux-titre du Dépit amoureux (pp. 129-130 du tome I) est relié à la fin du tome III.
Cohen, 712 – OHR, 2514/5 – Quentin-Bauchart, II, 125 sq. et 176, n°21 (« précieux exemplaire »).
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