Lot n° 29

Georges AURIC (1899-1983). Manuscrit autographe signé, Georges Auric, [1950] ; 5 pages petit in-4._Intéressante notice autobiographique envoyée à Pierre Lhoste, alors qu’Auric vient de passer la cinquantaine, à l’occasion de la sortie du...

Estimation : 600 - 800
Adjudication : 960 €
Description
film de Jean Cocteau Orphée, dont il a composé la musique… Quelques annotations au crayon sont de la main de Lhoste… Auric revient tout d’abord sur ses années de formation, notamment avec Vincent d’Indy, « ultime représentant d’un formalisme intransigeant […] radicalement hostile à ce passionnant mouvement “moderne” qui avait toutes les raisons de me retenir immédiatement. Il est vrai qu’à l’austérité d’un tel enseignement j’avais la chance de pouvoir confronter les propos et l’exemple d’un homme dont la rencontre me fut précieuse » : Erik Satie, qui « n’a jamais trouvé la place qu’il méritait », et dont l’influence fut grande sur ses premières compositions et celles de son groupe de camarades Milhaud, Poulenc, Sauguet, Desormière… Il rappelle ensuite combien Cocteau a facilité « la diffusion de nos communes tentatives », avec la commande de Parade à Satie et Diaghilev, qui fut déterminante, et « sa présentation décisive du petit groupe amical qui nous réunissait au lendemain de 1918, […] le “Groupe des Six” » : Germaine Tailleferre, Milhaud, Poulenc, Honegger, Durey et lui-même, avec les commandes des Mariés de la Tour Eiffel, du Bœuf sur le toit, etc… Il revient ensuite sur la notion de « Musique pure », et énumère plusieurs de ses œuvres de « musique de chambre », sonates, mélodies, trios, chœurs et chansons sur des poèmes, ainsi que ballets Les Fâcheux et Les Matelots (1923-24), puis sa Pastorale (1925). « Depuis, j’ai composé pour Mme Ida Rubinstein, Les Enchantements d’Alcine […] et pour les “Nouveaux ballets de Monte-Carlo”, Concurrence […] et je viens d’achever, d’après un thème de Jean Cocteau, une Phèdre pour l’Opéra ». Il a aussi longtemps travaillé pour le théâtre, pour Louis Jouvet, Charles Dullin, Baty, Copeau : « que de souvenirs, et presque également précieux ! »… Enfin il souligne l’apparition d’un événement considérable : le cinéma sonore, dans lequel il vit, contrairement à la plupart de ses collègues contemporains, « un moyen tout à fait nouveau et valable de me faire entendre [….] un instrument d’une ampleur insoupçonnée et dont un musicien se devait d’étudier les ressources et les possibilités ». Parmi ses nombreuses contributions, Le Sang d’un poète de Cocteau et À nous la liberté de René Clair, deux œuvres diamétralement opposées : …« la “musique de film” est un mode d’expression tout à fait authentique. Il ne s’agit point d’un langage bâtard » ni d’un compromis médiocre, et cet art est promis à un brillant avenir… Il énumère pour terminer ses plus importantes compositions pour le cinéma après les deux premières citées plus haut : le Lac aux Dames, Orage, Macao, La Symphonie pastorale, L’Éternel retour, la Belle et la Bête, les Parents terribles, et en Angleterre Dead of Night, Queen of Spades, Passport to Pimlico, etc., « Et puis, demain, l’Orphée de Jean Cocteau »…_On joint 5 L.A.S à Pierre Lhoste, dont une accompagnant sa notice autobiographique : « Pardon pour ce retard, et pardon pour ce petit volume qui n’a rien à voir avec ce que vous m’aviez demandé. Mais impossible d’arrêter ce flot de confidences, une fois la machine mise en marche. […] J’espère que vous parviendrez à en extraire quelque chose d’utile ! »…
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