Lot n° 26

Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. B», Paris 11 février 1866, à son frère Louis ; 4 pages …

Estimation : 500 - 800 EUR
Description
Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. B», Paris 11 février 1866, à son frère Louis ; 4 pages in-8° (quelques légères taches et petite fente) Sur le suicide du peintre Léon Bonvin (30 janvier 1866). Eugène s'empresse d'abord de rassurer Louis «sur mon état de santé physique et moral», et il raconte comment Léon Bonvin «frère de François Bonvin que l'on compare à Chardin (ce qui ne l'a pas empêché de recourir à une maigre place de percepteur au marché de Poissy), a pris la funeste résolution de se détruire pour échapper aux ennuis de quelques centaines de francs de dettes criardes. Il était établi cabaretier à Meudon. Tourmenté du besoin de sonder la nature il aura bien un peu négligé la chopine & la cave pour courir au soleil voir épanouir ces petites fleurs qu'il s'était mises à peindre avec un amour naïf et une passion bien mal récompensés !! Mais à qui s'en prendre de ces trop fréquents malheurs ? Tandis que ce malheureux frappait à toutes les portes son carton sous le bras et ne trouvait que déboires, on portait chez la mère Troyon plus d'un demi-million dont elle n'a que faire»... [On venait en effet de vendre à Drouot l'atelier de Troyon pour une somme considérable]. Boudin ne pense pas que ce soit pour la mémoire du mort, mais que l'acheteur est persuadé de faire une bonne affaire : «C'est cet exemple de gains imprévus qui a fait de la Salle Drouot une espèce de bourse» qui donne le ton pour quelques noms, à l'exclusion des autres : «En effet il faut être certain qu'un monsieur dont le début promet arrivera à l'apogée des noms pour en entasser chez soi. Cette foi est lente à venir, c'est pourquoi nous autres petits qui végétons dans l'ombre des grands nous servons de pis-aller aux amateurs de province ou à quelques pauvres curieux qui se hasardent jusqu'au billet de cent... Quant à notre constitution morale, je suis persuadé qu'elle est assez bonne, le passé le prouve du reste, et si nous n'étions pas soutenus par une très vive tendresse pour ces riens éternels, le ciel, l'eau, les bois, le spectacle du monde devant lequel tant de malheureux sont passés et passeront éternellement sans rien voir, nous aurions sauté probablement [...] C'est à croire que ce pauvre Bonvin n'aura pas vu, le jour funeste où il s'est tué [...] le vaporeux fouillis des branches qui bourgeonnent déjà»... On met en place une loterie au profit de la veuve de Bonvin et de ses enfants... «Nous nous occupons tous assez activement de notre Salon. Nous profitons du temps d'arrêt occasionné par la vente Troyon qui a nettoyé le gousset des amateurs et arrêté net le commerce dans les boutiques. Pour nous surtout qui ne vivons que des marchands cela nous coupe l'herbe de dessous le pied»... Etc.
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