Lot n° 119
Sélection Bibliorare

[MALESHERBES (C.-G. de Lamoignon de) – AUGER (Me) – CHOART (G.) – LA CLARTIÈRE]. Mémoires pour servir à l’histoire du droit public de la France en matière d’impôts ou Recueil de ce qui s’est passé de plus intéressant à la Cour des...

Estimation : 12000 / 18000
Adjudication : Invendu
Description
aides depuis 1756 jusqu’au mois de juin 1775… À Bruxelles [Paris], s. n., 1779, in-4°, maroquin rouge, jeu de filets dorés autour des plats, fleuron en angle, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure de l’époque).
ÉDITION ORIGINALE. Malgré sa diffusion restreinte, l’ouvrage fut condamné à être détruit pour contravention au secret des délibérations de la cour des Aides. Barbier précise que le texte avait dû toutefois être imprimé sous couvert d’une permission tacite, et que l’on « n’y laissa pas insérer dans leur entier les remontrances énergiques dans lesquelles Malesherbes parlait au roi le langage de la plus austère vérité ». Les parties retranchées furent imprimées à part dans un supplément de 10 pages, de même format, intitulé Lacunes des remontrances… à ajouter aux pages 644 & 683 du Recueil in-4°. Un réquisitoire contre les rigueurs administratives de la monarchie et un plaidoyer pour la cause du peuple. D’après René Stourm, ces Mémoires furent rédigés par l’avocat Auger, sous la supervision du président de la cour des Aides, Gabriel Choart. Ils commentent, avec textes à l’appui, les événements financiers des années 1756 à 1775. Vient ensuite l’exposé de remontrances dues au conseiller Le Moine de La Clartière et à Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), qui fut premier président de cette cour de 1768 à 1776. Les auteurs de ces remontrances stigmatisent une administration fiscale complexe, favorisant les abus des fermiers généraux, critiquent la procédure judiciaire, la tenue des prisons, les lettres de cachet et n’hésitent pas, page 628, à évoquer devant le roi Louis XVI « la vraie situation de ce Peuple, dont le spectacle d’une Cour brillante ne lui rappelle point le souvenir ». Ami des Lumières, le président de Lamoignon de Malesherbes, qui, en tant que directeur de la Librairie, avait apporté son soutien à l’entreprise encyclopédique de Diderot et D’Alembert, démissionna en mai 1776, en même temps que Turgot, pour avoir constaté l’impossibilité d’accomplir les réformes qu’il pensait nécessaires. Cela ne l’empêcha pas de rester fidèle au roi et, en 1792, de se porter volontaire pour assurer sa défense devant le tribunal révolutionnaire. Prestigieux exemplaire aux armes d’Antoinette-Thérèse-Marguerite Le Peletier de Rosanbo (1756-1794), fille du président de Lamoignon de Malesherbes. Deuxième fille de Guillaume-Chrétien de Lamoignon de Malesherbes, elle avait épousé Louis Le Peletier, marquis de Rosanbo, président à mortier au parlement de Paris. En décembre 1793, toute la famille de l’avocat de Louis XVI est arrêtée à Malesherbes. Son gendre, sa fille, sa petite-fille et son mari, Jean-Baptiste de Chateaubriand, frère aîné de l’écrivain, et lui-même seront guillotinés à la fin du mois d’avril 1794. L’exemplaire est complet du rare supplément, Lacunes des remontrances…, qui manque à presque tous les exemplaires conservés dans les collections publiques. Il est relié en fin de volume. Il existe un feuillet d’errata, qui se trouve placé après la page 776 ; il est absent ici. Dimensions : 260 x 201 mm. Provenance : Marguerite Le Peletier de Rosanbo, avec son ex-libris ; vente anonyme (Cat., 24 mai 2010, n° 44). Barbier, III, col. 249 ; INED, I, n° 207 (sans le supplément) ; Kress, II, B. 175 (avec le supplément et le f. d’errata) ; Goldsmith, n° 11860 ; Stourm (R.), Bibliographie historique des finances de la France au XVIIIe siècle, Guillaumin, 1895, pp. 90-91 ; Hoefer, XXXIII, col. 22-30 ; Maurepas (A. de) – Boulant (A.), Les Ministres et les ministères du Siècle des Lumières, 1715-1789, Christian / JAS, 1996, pp. 267-271.
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