Lot n° 3BIS
Sélection Bibliorare

Marcel PROUST. L.A.S. « Marcel », [novembre 1915], à Mme Charles Nathan, 5 rue Greffulhe ; 4 pages in-8, enveloppe.

Estimation : 6000 / 7000
Adjudication : Invendu
Description
Belle lettre inédite sur son amitié pour Reynaldo Hahn. Il intervient d’abord en faveur d’une dame dans la misère, Mme Cohn-Piquard, qu’il ne connaît pas mais qui lui avait écrit il y a environ cinq ans un « mot qui faisait appel à des affections de famille » ; il avait consulté alors M. Nathan, et lui envoyait depuis des secours. « Mais étant maintenant moi-même Cohenpiquardisé, je ne crois pas pouvoir prélever sur le peu qui me reste pour une peine que je ne connais pas »… Il dit cela à son amie « “par amour de l’humanité” comme dit Don Juan. Tu feras ce que tu penseras et rien du tout si ton avis est rien ». Il lui aurait écrit plus tôt « si chaque jour je n’avais cru te voir le lendemain. Mais quand j’ai eu des jours possibles cela a été à des heures qui ne l’étaient pas, possibles. Je viens d’avoir la mauvaise chance que mon ami Reynaldo [Hahn] qui est depuis 15 mois en Argonne a eu sa 1ère permission de 6 jours. Et par une vraie fatalité le jour de son arrivée, peut’être à cause des brouillards neigeux qu’il y a eu, j’ai été repris de crises comme je n’en avais pas eu depuis plusieurs années, et il m’a été impossible de le voir qu’une fois. Puis le lendemain de son départ l’accalmie a commencé et je suis beaucoup mieux. Cela m’ennuie surtout parce qu’il est reparti avec l’idée que j’étais tout le temps mal bouché etc. ce qui n’est pas vrai ». Il voudrait venir « parler avec toi de celui à qui je pense sans cesse, je peux dire qu’il n’y a pas d’heure où je ne cause avec lui », et lui demanderait bien de « venir auprès de mon lit de malade […] Mais mes fumigations, mes “gaz asphyxiants” (pour les autres) font à ma chambre une atmosphère si terrible que je n’ose l’infliger »…
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