Lot n° 347

VOLTAIRE. 4 L.S. « Voltaire », Ferney mars-avril 1774, [à Marc Duval, lieutenant général civil et criminel du bailliage de Gex] ; les lettres sont écrites (sauf la 3e) par son secrétaire Jean-Louis Wagnière ; 1 page in-8, 2, 3 et 1 pages...

Estimation : 3 000 / 3 500
Adjudication : 10000 €
Description
in-4 (petites fentes réparées à la 3e).{CR} Correspondance inédite sur Beaumarchais, et sur un procès de sa nièce Madame Denis.{CR} 1er mars. « J’ai l’honneur d’envoier à Monsieur le Lieutenant général les mémoires du procez de Beaumarchais qu’il a paru souhaiter de lire. Il y a un quatrième mémoire qui fait beaucoup de bruit, et que je lui enverrai le plutôt que je pourrai »…{CR} 18 mars. Envoi du quatrième mémoire du procès de Beaumarchais qui « mérite assurément vôtre curiosité ». Il le prie de bien vouloir lui renvoyer après examen les papiers « que Madame Denis a soumis à vôtre arbitrage et à vôtre décision […] Nous nous flattons que vous aurez vu quelle a été l’indécence du procureur Balleidier, et l’injustice de quelques unes de ses demandes. Il exige des fraix pour une petite affaire qui doit être paiée par le Roi selon les déclarations de Sa Majesté ; les seigneurs n’étant plus chargés des frais de justice. Vous aurez aperçu aussi quelques autres vexations. Il veut nous faire paier des fraix qu’il nous a faits de gaieté de cœur, dans le temps même que nous vous demandions d’avoir la bonté de régler cette affaire. On ne paie les fraix que lorsque l’on est condamné aux dépends et s’il a fait des écritures inutiles, à tant la page, ce n’est pas à nous de paier son bavardage. Enfin, Monsieur, nous avons consigné, et nous sommes prets de lui paier sur le champ ce que nous lui devons légitimement. Nous ne passons pas dans nos terres pour avoir fait des injustices »…{CR} 4 avril. Il lui envoie la consultation de l’avocat Christin, que son correspondant lui avait recommandé : « Je vous supplie d’être en conséquence l’arbitre entre Madame Denis & le procureur Balleidier. Vous verrez qu’il demande ce qui ne lui est pas dû, en voulant faire payer à Madame Denis les frais des procédures insolentes qu’il a faites contre elle, dans le temps même que vous vouliés accommoder cette affaire. Et comme Madame Denis ne s’abaisse point à vouloir lui faire payer ses procédures, il n’est pas juste qu’elle lui paye celles qu’il a faites si indiscrètement ». Le mémoire du procureur Balleidier doit donc se réduire à 256 livres 16 sous : « De cette somme il faut retrancher dix livres d’une part pour une information inutile contre un nommé Marne, qui avait eu une rixe sur le grand chemin vers Tournex ; ce cas appartenant à votre Jurisdiction & non à la mienne ; & de plus, ces frais de justice n’étant plus à la charge des Seigneurs, mais à celle du Roi ». Douze livres sont également à retrancher pour les vacations de l’huissier Peney. « Et vous voudrez bien, Monsieur, remarquer que Balleidier, dans son premier écrit n°1, ligne 10, demandait onze années de gages, dans le temps même qu’on ne lui en devait que deux »… Madame Denis et lui s’en remettent entièrement au jugement de Duval…{CR} 23 avril. Mme Denis et lui remercient Duval de son arbitrage. « Nous exécutons vos ordres sur le champ, car nous regardons vôtre arbitrage comme des ordres. C’est l’équité qui les a dictés ». Ils envoient 256 livres au procureur Balleidier. « Nous lui renouvellons la déclaration que nous lui avons faitte depuis si longtemps, que nous avons choisi un autre Procureur fiscal, et nous espérons que le Sr Balleidier traittera désormais avec plus de circonspection et de bonté les personnes qui l’emploieront »…
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