Lot n° 1398
Sélection Bibliorare

GIDE, André. Octobre 1888. Carnet autographe de 45 pp. in-32 [81 x 58] : maroquin bleu foncé, …

Estimation : 6 000 - 8 000 EUR
Adjudication : 16 250 €
Description
GIDE, André. Octobre 1888.
Carnet autographe de 45 pp. in-32 [81 x 58] : maroquin bleu foncé, décor doré composé de filets ondulés et courbes ainsi que et de volutes sur les plats, débordant sur le dos, dos lisse, doublures bords à bords et gardes de box saumon orné de volutes et de filets ondulés et courbes dorés, tranches dorées, chemise à dos lisse orné et bandes à rabats de maroquin bleu foncé, étui (Paul Bonet 1946).
Précieux manuscrit autographe du lycéen André Gide.
Âgé de 18 ans, il étudiait la philosophie au lycée Henri IV : au début du mois d'octobre 1888, il effectua son premier voyage en Angleterre en compagnie d'Élie Allégret.
Le carnet porte en couverture sur laquelle Gide a écrit une citation latine de Quintilien : “Omnia dum nascuntur nostra placent”, et au centre la date “Octobre 1888” suivie de sa signature.
Le contenu est pour la majorité inédit et consiste en des pensées, des citations et quelques vers. Il débute par des notes au crayon sans doute plus anciennes car il est fait mention de l'institution Keller où Gide avait été placé de novembre 1885 à juillet 1888 en vue de rattraper son retard scolaire.
Suivent quelques pensées :
Et je sentais les sources de ma vie qui se corrompaient lentement. // Oh ! mon âme et mon coeur, hélas qu'en as-tu fait - // Maudite volupté qui me charme (?) et m'écoeure // Ce charme si troublant que tu verses en moi // C'est un poison rongeur, charmant et subtil // Qui marque au front le signe de Caïn...
On trouve par la suite un proverbe biblique que l'auteur adresse à Madeleine :
Il y a d[an]s le coeur de l'homme beaucoup de projets // Mais c'est le dessein de l'Éternel qui s'accomplit.
Au feuillet suivant, Gide note une idée de poésie :
Il faudrait faire une poésie, en vers cette fois, où je montrerais l'âme volant vers le bonheur suprême, la félicité des élus comme une hirondelle qui vole vers les campagnes ensoleillées [...]. Il faudrait commencer -
Hirondelle, tombée au début de ta course
Dis pauvre oiseau blessé, toi qui volait si haut tu partais plein d'espoir.....................
Veut prendre son essor vers qqs cieux lointains
Terminer
Et mourut
Avec la vision d'un grand ciel entrevu
Une autre notation est écrite au crayon trois pages plus loin :
Il faudrait limiter et définir ma personnalité telle que je la voudrais plus tard, pour marcher vers un idéal choisi et voulu et ne pas laisser cette personnalité se faire seule au gré des circonstances.
Il faut arriver à se faire tel que l'on se veut.
Choisissons donc les influences. Que tout me soit une éducation.
Cette note a été publiée dans le Journal 1887-1925 (Gallimard, 1996, p. 35) ; elle y est datée du 14 octobre 1888. Elle sera reprise dans Les Cahiers d'André Walter, avec quelques variantes.
Suivent des vers, des réflexions et quelques citations notamment de Baudelaire et de Sully
Prudhomme. Parmi les vers se trouve un poème composé en l'honneur de Victor Hugo pour Pierre
Louÿs. Au feuillet numéroté 22, Gide écrit :
Il faudra faire une machine sur Hugo pour Louis.
Salut à toi, Hugo ! Salut ! toi que j'admire
Poète aux chants aîlés, aux vers qu'on ne peut lire sans les aimer
Et dont les doigts harmonieux ont fait vibrer toute la lyre...
Les deux dernières pages comprennent des proverbes de Baudelaire, Rollinat et Saint Augustin, ainsi que cette note : Il faut maintenant faire le billan (sic) de son nous (?) ; additionner ses talents et les faire valoir.
Il faut prendre garde de se tromper sur leur usage et d'en fausser le cours. Mais il les faut faire valoir.
Ravissante reliure doublée de Paul Bonet, datée de 1946.
Carnets de Paul Bonet, 1924-1971, nº 747.
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