Lot n° 135
Sélection Bibliorare

Custine (Astolphe de). La Russie en 1839. Paris, Librairie d’Amyot, 1843. 4 volumes in-8, demi-chagrin vert avec coins, dos orné d’un motif de filets et petits fers en arabesques, chiffre couronné doré, tranches mouchetées (Reliure de

Estimation : 50 000/60 000
Adjudication : Invendu
Description
l’époque). ÉDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE, ITINÉRAIRE À TRAVERS LA RUSSIE DE NICOLAS IER, QUI FIT LA CÉLÉBRITÉ DU MARQUIS DECUSTINE. Passeport et livres confisqués, se sentant constamment surveillé, cachant ses notes et ses papiers, Custine rédigea des lettres pour ses amis sans oser les envoyer. Ces lettres seront regroupées et remaniées pour former son ouvrage capital, étude sur le terrible et singulier gouvernement, sa discipline de fer servie par la police aussi bien que par l’opprimé consentant, sur l’intolérance et le despotisme personnifiés par l’Empereur : Le gouvernement russe est une monarchie absolue tempérée par l’assassinat. C’est aussi l’état de siège devenu état normal de la société, faisant de la Russie une nation de muets. Aussi la conclusion de Custine est-elle claire : Quand votre fils sera mécontent en France, usez de ma recette, dites-lui : « Allez en Russie. » C’est un voyage utile à tout étranger : quiconque aura bien vu ce pays se trouvera content de vivre partout ailleurs. Il est toujours bon de savoir qu’il existe une société où nul bonheur n’est possible, parce que, par une loi de sa nature, l’homme ne peut être heureux sans liberté. Ouvrage essentiel dans l’histoire de la littérature politique, la Russie en 1839 fut utilisée au gré des courants idéologiques depuis Nicolas Ier jusqu’à la guerre froide, en passant par la Révolution soviétique. Elle fut écrite par un légitimiste libéral, non par un démocrate et, plaidant contre une monarchie absolue pour un gouvernement constitutionnel, elle doit être considérée comme le pendant de La Démocratie en Amérique de Tocqueville (1835), plaidoyer pour la démocratie absolue contre tout despotisme de la majorité. Une planche hors texte repliée, au tome IV, représente la généalogie des princes et princesses de Brunswick. RELIURE AU CHIFFRE DE LOUISE-MARIE-ADÉLAÏDE D’ORLÉANS (1777-1847), DITE MADAME ADÉLAÏDE, SŒUR DU ROI LOUIS-PHILIPPE. ÉTONNANTE ET PIQUANTE PROVENANCE, Custine, hostile aux libéraux, hostile aux ultras, se montrant sans tendresse pour Louis-Philippe et la Monarchie de Juillet, anarchie bénigne. Élevée avec son frère par Madame de Genlis, Madame Adélaïde connut dans sa jeunesse les vicissitudes aventureuses de l’émigration avant de rentrer en France à la chute de l’Empire. Surnommée l’égérie de Louis-Philippe, elle tint, sa vie durant, une place de fidèle conseillère auprès de son frère. En 1830, elle joua un rôle déterminant dans son accession au trône et on ne manqua pas de noter que sa disparition, en décembre 1847, précéda de deux mois la chute de la monarchie de juillet. SUPERBE EXEMPLAIRE DANS UNE RELIURE DE QUALITÉ ET AVEC PROVENANCE, CONDITION DE TOUTE RARETÉ. Il provient de la bibliothèque Jacques Guérin (II, 20 mars 1985, n°45).
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